Samedi le 5 novembre 2011… Pourquoi j’ai cette bizarre impression
que je viens tout de reprendre le rythme au travail? Quel départ lent cette
année, même si en réalité, les semaines passent toujours aussi vite. Et
heureusement qu’elles passent
rapidement les semaines, car là je m’ennuie. Je m’ennuie de ma famille,
de mes amis… de mes microbrasseries (Parlant de microbrasseries… une
catastrophe se dessine pour moi à l’horizon de mon Nord… Je vous épargnerai les
détails bureaucratiques, mais je vous laisse imaginer le pire… Coupe drastique
(genre de moitié) dans le nombre de kilos cargo (ça veut dire par avion) bouffe
qui nous est alloué. Un peu flou tout ça pour vous, mais je vais vous présenter
une image concrète de la situation. Mon cargo bouffe c’est ce que je commande
par internet chez IGA (vous savez, mon activité préférée du dimanche…). Dans ces commandes internet, je
commande de la bouffe… mais aussi de la BIÈRE. Vous comprenez maintenant la
catastrophe qui se dessine à l’horizon de mon Nord!! Moitié moins de kilo… ça
veut dire… que je dois maintenant faire un choix! Bière – Bouffe – Bière –
Bouffe – Bière –Bouffe – Bière - Pas facile! Dans ma réflexion je me dis que la
bière quelque part ça nourrit non? Ben non voyons! Vous savez bien que mon
dilemme n’est pas si grand et que je suis une fille raisonnable! Au diable la
bouffe et vive la bière quoi (Et là je suis ironique pour ceux qui ne
l’auraient pas compris)! Pourquoi le dessin de la catastrophe n’est pas encore
tout à fait terminé? Il y a 4 semaines environ, avant que j’apprenne cette
terrible nouvelle réalité, j’ai fait une méga épicerie incluant une méga
commande de bières! Alors mon but maintenant c’est de rouler sur cette commande
jusqu’à Noël (Puis là, je réalise qu’il me reste tout de même 6 semaines avant
d’arriver à Mtl et je me trouve un peu ambitieuse dans mon objectif)! Tout va
bien aller, je suis bonne, j’suis belle, chus capabe! Fin de la parenthèse!).
Samedi le 5 novembre 2011 et me voilà à faire du camping
dans l’appartement d’un collègue pour encore quelques jours. La mère de ce
dernier est en « ville » et son appart (mon ancien appart) est un peu
petit (une seule chambre) pour deux. Même si j’ai un peu hâte de retrouver le
confort de mon chez-moi (en fait spécialement de ma petite cuisine), c’est trop
cool de passer quelques jours dans cet appart que j’adore. Je retrouve ma
fenêtre et son trou (ben oui, le trou est toujours là, même après un an), mon
fauteuil brun et mon deuxième étage. En plus, aujourd’hui le vent est parfait!
Il vente, il vente, il vente et je crois que la maison tout entière va
s’envoler! Ce matin, j’ai du passer une dizaine de minutes juste à regarder la
Baie déchainée! Le point de vue est magnifique, les murs bougent et moi j’ai le
sourire aux lèvres! Merci Mark d’avoir accepté ma suggestion d’échange!
Samedi le 5 novembre 2011 et je procrastine plus que jamais!
Qu’est-ce que ça fait du bien, mais qu’est-ce que ça va me causer du stress
d’ici la fin de la journée. La seule manière de procrastiner sans ressentir trop
de remords est de m’installer pour vous écrire. Procrastiner : remettre quelque chose au
lendemain. L’avantage théorique (entendre
ici ma théorie personnelle) avec le lendemain, c’est que techniquement ça
n’arrive jamais (demain, le lendemain va devenir aujourd’hui donc il n’existera
pas réellement… ben quoi on se donne bien les définitions qu’on peut)… Le
désavantage pratique avec le lendemain, c’est que malgré toutes les théories
que je peux essayer de m’inventer… le temps lui il continue d’avancer et mes
dates de remises de travaux, elles, sont bien fixées dans le calendrier ! Est-ce
que je vous l’ai déjà dit ? Si jamais l’idée vous prend de vous inscrire à
deux cours universitaires par correspondance pendant que vous travaillez à
temps plein… de grâce… NE LE FAITES PAS !
Hahahaha ! Un cours à la rigueur aurait pu aller, mais là, deux c’est trop
pour mon petit cerveau ! Et ciel que je ne suis pas une bonne élève. Mes
travaux sont douteux… Je viens de recevoir mes premiers résultats… Je pense que
la correctrice m’a donné la note de passage seulement parce que j’ai mis du
temps dans les travaux ! Anglais langue seconde… Ben c’est
difficile ! À force de faire des lectures, des exercices et des travaux,
c’est rendu que je suis de plus en plus gênée de parler avec mes amis anglophones,
car je réalise toutes les erreurs que je fais et je suis toute perdue dans les
bons modèles à utiliser maintenant!!!! Sandra, c’est de ta faute si j’ai
pris 2 cours !!! Je me suis dit que comme tu ne serais plus là, j’aurais
plein de temps ! Par peur de m’ennuyer, je me suis donc inscrite à ces
deux cours ! Bon… je ne t’en veux pas, mais parfois je me dis que je
devrais partager les travaux avec toi ;-)
Montée de lait terminée et
je dois absolument vous remercier de me permettre de procrastiner !
Allons-y de quelques images
en vrac…
Retour au Village.
Si je me rappelle bien, mes
chroniques de la France se sont terminées en France n’est-ce pas avec la
promesse de parler du retour dans ma prochaine chronique. Et bien nous y voilà
dans cette prochaine chronique… Mais en y pensant bien… Prochaine et lendemain…
ça pourrait bien avoir la même sorte de d’avantage théorique (entendre ma
théorie) non ? Mais là, mon monde de contradictions se mettrait en branle
et je deviendrais encore plus confuse que je ne le suis déjà, car je n’aurais
plus d’excuse pour soutenir ma procrastination, car je ne pourrais plus
remettre mes travaux à demain sous prétexte d’écrire mes chroniques… Ah là
là !
On recommence…
Si je me rappelle bien, mes
chroniques de la France se sont terminées en France n’est-ce pas avec la
promesse de parler du retour dans ma prochaine chronique. Les retours à Umiujaq
sont parfois difficiles, vous le savez. Pas difficile dans le sens que ce n’est
pas plaisant de revenir ici là. Difficiles dans le sens qu’ils ne se déroulent
pas toujours comme prévu. Habituellement, l’imprévu est réellement quelque
chose que j’adore… En septembre dernier, j’ai appris quelque chose… les
habitudes ont des limites elles aussi ! Rappelez-vous mes histoires
d’avion Nunavikiennes et choisissez la pire. Maintenant, multipliez-là par 13…
parce que c’est le nombre que nous étions dans le groupe au retour (Sandra
ayant décidée de prolonger de quelques semaines sont séjours en Europe… la
chanceuse…) .
Bon, je vous aide un peu. 19
septembre - le voyage Paris-Mtl : rien à dire. Tout s’est bien passé. 19
au 20 septembre - une nuit à Mtl : tout s’est bien passé… du moins en
apparence (vous comprendrez plus loin ne vous inquiétez pas…). 20 septembre - le
voyage Mtl-Umiujaq : il ne s’est jamais produit ce jour-là ! Vous
commencez sans doute à comprendre. Départ de Montréal à 8h00 am le 20
septembre… retour à Mtl le 20 septembre… à 9h00 pm. Qu’aurais-je pu dire à un
élève fatigué, brulé, crotté, affamé (car imaginez-vous donc qu’Air Inuit n’a
jamais de backup de bouffe pour les passagers qui n’arrivent pas à atterrir là
où ils le devraient… comme c’était quelque chose qui arrivait rarement…) pressé
d’arriver chez lui qui me balance à la figure : What a waist of day !
13 heures dans l’avion pour revenir à notre point de départ ! Seule
j’aurais été ravie de revenir à Mtl… Avec 12 autres personnes… pas vraiment
ravie je vous dirais. Je les aime sincèrement ces jeunes, mais après deux
semaines… Nous avions tous besoin d’une pause les uns des autres, je crois. Bref,
une fois le problème de l’hôtel résolu, après avoir nourri mes affamés, je me
suis mise en mode méditation (genre stand-by). Minuit et demi, je me suis
installée au lit en me disant que dans quelques heures tout reviendrait dans
l’ordre. Que nous serions installés dans un nouvel avion qui nous amènerait
directement à destination. L’âme pas tranquille du tout, je me suis tout de
même endormie (voir plutôt assoupie) jusqu’à… 2 heures et demie je crois… Et
là, j’ai vécu les 10 plus longues minutes de ma vie.
D’abord, se faire réveiller
en Inuktitut… c’est étrange et ça sonne tout de suite comme quelque chose qui
ne va pas… Même si je ne pouvais pas comprendre ce que se disaient Nellie et
M , le ton de voix ne ment pas. Déjà debout avant même qu’on ne me dise en
Français (ou peut-être en anglais) que Bi n’allait pas bien, Nellie et moi nous
sommes précipitées dans la chambre des garçons. Bi allongé sur son lit, ayant
de la difficulté à respirer, rouge et pas vraiment conscient… Inuktitut,
Français, Anglais… toutes les langues s’entrecroisent. On essaye de le
« réveiller ». Rien à faire. Nellie et moi on se consulte du regard
et nos pensées rencontrent rapidement dans le mot ambulance qui s’inscrit sur
nos lèvres. Avez-vous déjà essayé d’appeler une ambulance à partir d’un
téléphone de chambre d’un hôtel ??? Moi c’était la première fois. Ben au
Travel Lodge… c’est impossible d’appeler soi-même le 9-1-1 ! 911
directement sur la ligne : ça ne marche pas. 9 plus 911 : ça ne marche
pas. 0 pour rejoindre la réception : ça ne marche pas toujours ! Re - 0 pour rejoindre la
réception : ça marche parfois…
Pour faire ça court… Le
Nord a rattrapé le Sud lors de ce re-passage obligé à Mtl. Bi, la veille, a réussi
à se faire acheter de l’alcool (Smirnof Ice) par un Inuit qui était à l’hôtel
en même temps que nous. La journée dans l’avion lui a donné soif il faut
croire… 15 bouteilles plus tard… Nellie est partie avec lui à l’hôpital. Selon
les médecins, Bi a failli mourir ce soir-là. Je vous rassure tout de suite, Bi
va « bien » aujourd’hui. Il a passé une journée de plus à Mtl (en
fait Longueuil MERCI MERCI Françoise et Richard !!!) Le reste du groupe en
a été bon pour une bonne frousse.
Vous vous rappelez
peut-être mieux que moi ce que j’ai écrit dans ma première chronique de
l’année… Le regard… Mon inquiétude s’est matérialisée lors de ma dernière nuit
à Mtl… Bi m’a ramené rapidement à ma réalité Nordique, soit observer sans
pouvoir réellement faire quelque chose de concret et de durable. Après une
expérience incroyable de deux semaines, Bi m’a remise brutalement à ma place… Nous
avons pu sortir ces enfants du Nord pour quelques semaines… mais le Nord, dans
tous ses aspects, est resté bien présent à l’intérieur d’eux-mêmes. Les Inuit
ont une culture fantastique que je découvre un plus chaque jour. Loin de moi le
désire de voir disparaître celle-ci. J’ai été fière des élèves tout au long de
notre séjour en France, car ils ont su partager cette richesse qu’ils possèdent
bien solidement ancrée en eux. Mais juste à côté de cette richesse, je commence
à penser qu’une autre sorte de culture se développe, la culture acquise par la
mise en contact avec des non inuits est en train de mener un combat à la
première… Quel sera le dénouement
de ce combat ? Laquelle des deux cultures dominera ? Le statu quo
est-il possible ? Est-ce que quelque chose de nouveau peut naître de cette
confrontation ? Une trêve pourrait-elle survenir avant que l’une des deux
cultures ne meure ? Quelque chose de nouveau doit nécessairement émerger de tout ça, car le retour en arrière est maintenant impossible pour ce peuple. J’aime
penser que quelque chose émergera, mais je me demande combien de jeunes devront
payer le prix de cette guerre interne ?
Dans un tout autre ordre
d’idée…
Et pour vous faire sourire
un peu… D’abord, connaissez-vous le cerf-volant de traction? Pour ceux qui ne
connaissent pas, imaginez un très gros cerf-volant de forme rectangulaire à
l’allure d’un parachute. Ajoutez quelques (en fait… plusieurs) mètres de
corde à votre image, une barre
latérale pour faire bouger celle-ci et « contrôler la toile », une courroie
attachée à un bras question de ne pas perdre l’engin en cas de bourrasque.
Ensuite, imaginez une plage
de 10 mètres de large, un vent de 30km/h et… moi tenant cette barre
latérale au bout de laquelle, dans les airs, flottent un rectangle de deux
mètres rouge, orange et noir! J’espère que vous souriez déjà un peu là et
que vous avez une bonne image de ma dernière idée d’activité hivernale Nordique !
Car détrompez-vous, ma saison de sport extrême n’est pas encore officiellement
commencée. Je suis au stade de
l’entraînement, car la glace n’est pas encore arrivée. Pourquoi parler de glace
me direz-vous ? Et bien, préparez-vous à sourire davantage en ajoutant à
votre image un accessoire supplémentaire qui vous assurera sans doute des
récits délectables dans quelques mois : une paire de skis alpins (ou
« pire » une planche à neige !!!).
Je récapitule donc. Un cerf-volant très grand, avec un bon vent, des skis et de la glace ! Ne vous inquiétez pas, je porterai un casque !!! Et peut-être aussi mon équipement de hockey ! Tegheli ! Lorsque j’aurai les instruments de glisse, le cerf-volant sera attaché à moi à l’aide d’un harnais. Je crois que j’ai de bonnes chances d’apprendre à voler dans les mois qui viennent. Allez mes jaloux, je vous raconterai comment on se sent, ne vous inquiétez pas !
Toujours est-il qu’en
attendant, je me pratique sans les skis, sans le harnais et sans la glace… ce
qui ne m’empêche pas de faire des tentatives de vol… Je vous rassure une fois
de plus, je ne pars jamais seule faire de telles expériences. Mon collègue
Denis est tout aussi… fou que moi… Je veux dire fou du vent bien entendu !
C’est vraiment amusant comme sport. Je ris beaucoup… de moi je veux dire. Je
suis devenue experte dans l’art de faire du body sand surf sans planche ! Parce
que voyez-vous, j’ai découvert que je suis un peu orgueilleuse. En fait, même
si le cerf-volant est attaché à mon bras et qu’il est impossible de le perdre…
il est hors de question que je lâche ma barre, il est hors de question que je
laisse le vent avoir le dessus ! Ça, ça veut dire que si je me fais
ramasser par une bourrasque, il y a toutes les chances que je me fasse tirer
sur quelques dizaines de mètres, bedaine première, tête devant, bras tendus,
cherchant à planter mes pieds dans le sable afin de stopper ma course ! Saviez-vous
que le sable peut s’infiltrer vraiment partout ? Moi je le sais
maintenant ! En plus d’avoir un plaisir de fou, je m’assure chaque fois
une petite séance d’exfoliation totale !
Mais plus sérieusement,
j’ai vraiment hâte d’essayer ça avec les skis ou la planche. Je prévois
vraiment des protections (tête, genoux, coudes) et aussi, « talkie
walkie »… au cas où je me retrouve incapable de revenir à destination. De belles aventures en
perspectives ! Mon deuxième objectif sera de me rendre aux îles en face…
Mon premier sera de ne pas me blesser !
C’est ça qui est ça…
Voilà pour cette petite chronique. La vie suit son cours à
Umiujaq. Malgré tous mes questionnements, je suis toujours aussi heureuse
d’être ici. Le travail va bien même s’il n’est pas parfait (de toute manière
juste dans le mot travail, il y a quelque chose d’imparfait!!!), les amis sont
gentils, la nature est magnifique, la vie est simple (même si je trouve que je
me la complique un peu avec mes deux cours…. Grrrrr…). La saison de hockey va
bientôt commencer et cette année nous aurons une vraie équipe!!! Financement à
l’horizon pour de nouveaux Jerseys (je serai le numéro 7) et de l’équipement de
gardien de but. Un nouveau projet de fou commence à germer dans ma tête. Cirque
social, Inuit et communautés autochtones de l’Amérique Latine… Il faut bien
rêver un peu quoi! La vie est faite de ces rencontres qui amènent ce genre
d’idée. Gen et Rachel merci de me faire rêver et j’espère qu’on se retrouvera
dans ce nouveau projet. Mais avant tout engagement du genre, il me tarde
d’accueillir nos amis Français à Umiujaq. Cette semaine, j’ai eu une vision du
possible! Oui Oui les filles! Je nous ai toutes vues sur le Richmond Gulf,
installées dans un hamutiq, avec ce même regard hagard que nous avions Sandra
et moi en France en nous disant nous y sommes! J’ai retrouvé mon innocence
salvatrice! C’est reparti mes kikis!
Vous n’y croirez peut-être pas, mais il est 15h40… J’ai
passé une bonne partie de la journée à écrire. Quel bon moyen d’évasion! Merci
à vous tous de me donner le prétexte d’écrire! J’aime tellement ça!!!! Est-ce
que je pourrais être payé pour faire ça????? Imaginez le travail parfait pour
moi : voyager autour du monde, rester quelques mois à un endroit, faire du
bénévolat, prendre des photos, écrire mes récits de voyage et en tirer assez
d’argent pour continuer à voyager, rester quelques mois à un endroit, faire du
bénévolat, prendre des photos, écrire mes récits de voyage et en tirer assez
d’argent pour continuer à voyager, rester quelques mois à un endroit, faire du
bénévolat, prendre des photos, écrire mes récits de voyage et en tirer assez
d’argent pour continuer à voyager, rester quelques mois… Une roue sans fin
quoi! Je vous l’ai dit… Il faut bien rêver un peu!
Sur cette idée farfelue de ce que pourrait être le travail
parfait pour moi, je vous dis à la prochaine. Merci encore de me permettre
cette porte de sortie pour échapper à mes obligations d’étudiante. J’aurais dû
m’inscrire à un certificat en création littéraire!
Dernière question : qui lit le blogue de la Russie????
Et du Chili?
On se voit bientôt!
Vikie XXX