samedi 28 septembre 2013

Voyage dans le temps...








Retour dans le temps… parce que je vous ai trop longtemps négligé…


Ivakkak – 19-20-21 mars 2013.







Cette année (ben l’année dernière en fait) il y a beaucoup d’activités au village. Semaine littéraire, foire des sciences, semaine culturelle, ateliers de cirque, course Ivakkak… Tout ça est évidemment bien stimulant et c’en est presque fatigant finalement! Cette pensée est sans doute principalement liée au passage de la course Ivakkak (course de chiens de traîneaux). Ivakkak race… Une vraie course photographique pour moi, en effet, sur stimulée que j’aie été par toutes ces images incroyables qui se sont offertes à moi pendant 2 jours! Sur le coup, je n’ai pas réalisé à quel point cet événement rare (dernier passage au village en 2001) m’avait mis dans un état de fébrilité particulier…  Je l’ai seulement compris après le départ des équipes, lorsque j’ai ressenti une sorte de soulagement, une chute d’adrénaline et une fatigue intense m’assaillir! Pourtant… et heureusement… les équipes ne sont restées au village qu’à peine 36 heures! Un 36 heures de conditions photographiques idéales pour moi! Je suis tout simplement devenue un peu cinglée (quoi??? encore plus cinglée s’exclameront certains!!!), mais essayez un peu de vous imaginer… Dernier passage d’un tel événement dans la communauté il y a 12 ans. Soleil, vent, poudrerie, « chaleur ». Sérieusement… Quelles sont les chances que je revive une telle expérience dans le nord??? J’ai donc passé ces 36 heures (bon OK j’ai tout de même dormi… un peu), dans un état second, ressentant une sorte d’obligation et une impression intense de « je ne reverrai jamais d’aussi belles images alors je n’ai pas le choix de passer le plus de temps possible en cie de ces chiens sur la baie, car en plus de la lumière parfaite, les silhouettes magnifiques des chiens, des traineaux et des motoneiges se détachent parfaitement sur ce fond orangé rouge flamboyant ». Résultat de ces 36 heures : quelques centaines de photos, plusieurs beaux échanges avec les coureurs, les membres de l’équipe technique et les gens de ma communauté… et prise de conscience qu’il y a certaines choses qui ne passent qu’une seule fois… La chance que j’ai eue ne trouvez-vous pas?  L’avez-vous déjà réalisé vous qu’il y a certaines choses que vous ne reverrez jamais, des choses que vous ne revivrez plus ou des gens que vous voyez parfois pour la dernière fois? Je pense souvent à Mes premières fois (et ciel qu’il y en a eu au nord de ces premières fois pour moi), mais rarement à mes dernières fois. Je pense que trop souvent, on ne réalise pas que certaines choses ne reviendront pas… puis on finit par oublier même qu’elles ont existé.







Retour au moment presque présent (car en réalité, lorsque je relis ceci, je suis confortablement assise dans mon nouveau fauteuil préféré nordique)…
21 juin 2013… 17h20… Cheval Blanc (donc Montréal)!
Première dans l’histoire de Vikie au Nunavik et ailleurs (ce qui me sauve tout de même!). Presque 4 mois (plutôt 6) de silence et d’absence; écriture à partir de mon pub préféré de Montréal. Mes Chroniques du Nunavik n’ont jamais été écrites à partir de Montréal, mais parfois elles ont été écrites à partir d’ailleurs. Pourquoi ce silence? Pourquoi cette surprise d’écrire à Montréal?

Le silence?
Hummm…. Le silence parce que parfois quand il n’y a rien à dire… ben il n’y a rien à écrire. Mais plus explicitement, le silence peut-être parce que le rythme lent et l’environnement « vide » du nord commencent à s’accélérer parce qu’il se remplit? Ce n’est pas sans un petit pincement au cœur que je vous fais cette confession… Suis-je en train de faire une rechute? Suis-je contaminée à jamais par ce besoin de remplissage, commun à tant de personnes sur cette terre? Comment est-ce possible de remplir tout le vide des terres nordiques? Est-ce que les journées ont raccourci au nord?  Meuuuuuuup! (Tentative d’essai de phonétiquer un son de buzzer de mauvaise réponse dans un quiz télévisé sûrement un peu raté surtout que je n’ai pas regardé un quiz télévisé depuis au moins une dizaine d’années!)
… Donc, aucune de ces réponses!
Je vous explique… encore! Si la paresse pouvait être incarnée (en fait, elle l’est peut-être) et bien elle me ressemblerait! Je vous le confirme donc… je suis paresseuse! Au cours des derniers trois mois (bon OK, plutôt 6), je me suis laissée aller à la paresse de la pensée. 

Cheval Blanc (donc Montréal).
Le Cheval Blanc est très certainement un « ami » souvent cité dans mes chroniques. (Ciel ça sonne un peu pathétique d’écrire que le Cheval Blanc est mon « ami » (même avec les guillemets!)) Et bien là, je suis assise à « ma » place habituelle et j’écoute, je ressens et j’apprécie ce qui m’entoure. Parce que le Cheval Blanc c’est quelque chose! Surtout quand on vit à plus de 4 heures d’avion! C’est fou de me dire que c’est un peu chez nous… Moi qui croyais ne pas être une personne d’habitudes ou de routines (on est souvent bien loin de l’image que l’on a de soi… ) je peux dire que depuis maintenant trois ans, chaque fois que je reviens du nord, dans l’heure qui suit l’atterrissage, je me retrouve assise à une chaise du Cheval! Chaque fois ça veut dire… 9 retours du Nord parce que je reviens 3 fois par année. Bon, c’est moins impressionnant que je le croyais, mais pour moi c’est beaucoup 9 retours de mon nord! Et pourquoi je viens directement ici? Peut-être pour les deux bizous sur les joues de Pablo? Hahahaha! Pas juste pour ça, mais sûrement tout de même un peu!
Est-ce que je vous ai déjà parlé d’une de mes activités préférées à Montréal? Sûrement que non ;-) Donc voilà, je terminerai avec ça, j’adore m’asseoir à ma table habituelle du Cheval Blanc (celle juste au fond, le long du mur, pas sur la plateforme, mais juste avant). Comme je l’ai écrit, j’adore me laisser submerger par cet environnement houblonné. Bon, je ne l’ai pas dit comme ça, mais vous comprenez sans doute que je parle d’écouter, ressentir et apprécier le Cheval (Orthopédagogue sors de ce corps!!!!! S’ils ne comprennent pas, ils trouveront sans doute la référence par eux-mêmes). À ma droite, Pablo et un client (que je ne connais pas!?!) parlent de leurs enfants (zut moi qui croyais avoir des chances avec Pablo!) avec tellement de tendresse.  À ma gauche, deux clients « âgés » parlent des notes qu’ils ont eues à leur dernier cours universitaire. La musique est bonne, la bière est bonne, il fait frais à l’intérieur (parce que pour moi dehors il fait trop chaud… à noter qu’hier il neigeait sur Umiujaq).  Devant moi, un gars tente de charmer ses deux collègues de travail. Bon d’accord, ça n’a peut-être rien d’excitant pour vous, mais rappelez-vous que je vis dans un village de 400 habitants… J’ai rarement la chance d’entendre parler de gens que je ne connais pas…

La paresse est incarnée ET elle me ressemble… c’est confirmé!

15 septembre 2013… et de la force de l’évitement, je vous dirai qu’il est important de profiter.


Seulement 13h40 en ce dimanche pluvieux et tellement de choses accomplies depuis mon réveil: cuisinage de mon premier chili à vie (à partir de la cuisson des fèves sèches excusez-moi pardon), ménage complet de mon nouveau palais nordique à deux étages (deux salles de bain pour une seule personne ce n’est pas rien), début de la lecture de « Mon Afrique » de Lucie Pagé (parce que j’ai encore et toujours le goût de voyager), mise à jour de mon CV (comme dans un vent de mouvement se fait sentir) et préparation d’un gâteau pommes chocolat (merci Marilie et Catherine pour les pommes). Hier, la force de l’évitement m’a même envoyée voir dehors si j’y étais! Vent, pluie et temps gris… Quoi de mieux que ces trois éléments réunis pour me donner le goût d’aller pêcher à 10km du village? Le pouvoir de l’évitement! C’est aussi grâce à lui que je suis maintenant assise dans mon nouveau fauteuil préféré (brun celui-là) à écrire. Musique du dimanche, nouvelle vue sur la Baie, thé et odeur de gâteau.

Mais l’évitement de quoi vous vous demanderez? Et bien, same old same old! Dans un moment d’égarement, je me suis inscrite à un cours d’été en mai dernier. Égarement, absence, folie, déprime passagère (mes amis policiers m’ayant définitivement quittée) name it! Ayant fait preuve d’une faculté d’évitement incroyable qui a occulté majestueusement ma responsabilité estudiantine estivale, j’ai réussi à repousser les limites de ma procrastination jusqu’à devoir (surtout pas comme dans faire des devoirs, mais plutôt comme dans pas le choix étant donné que je n’ai rien fait (comprendre devoirs comme dans travaux scolaires) durant l’été (mais vous comprendrez mieux pourquoi lorsque vous aurez pris connaissance de mon vacançothon épuisant…. Ô pÔvre de moi…)) demander une prolongation (si vous enlevez les parenthèses, vous comprendrez mieux, je vous le jure!)!

J’évite donc de me mettre au travail! Voilà! C’est dit! Et assumé!

 Et si j’y allais d’un petit résumé des derniers mois? Ça vous va?  Hahaha, comme si vous aviez vraiment le choix (quoi que vous ayez bien le pouvoir d’éviter cette lecture, comme dans la remettre à plus tard ou ne pas la faire du tout!).

Avril : Relâche et Visite de Serge et Céline à Umiujaq!

… C’est à l’aide de mes photos que je remonte le fil de mes souvenirs! Finalement, je viens peut-être de mettre à jour la force intérieure qui me pousse systématiquement à faire des photos… Je dois avouer que sans les images, j’aurais peine à me rappeler…

La relâche n’a été l’objet que de peu de photos… Peu de souvenirs précis, si ce n’est qu’un incroyable de bon gros souvenir de cette semaine passée à Montréal, Petite-Rivière-St-François, St-Adèle, Ottawa et Québec (pour une petite saucette). Il y a eu la 5e édition du MrmbV (c’est bien ça Bobby?) où le Nord, le Sud, l’Est et l’Ouest se sont rencontrés! Il y a eu beaucoup de déplacement en voiture, beaucoup de rencontres et beaucoup de plaisir!

Serge et Céline à Umiujaq! Wow, 10 jours de visite printanière! Bon, je l’admets, printemps pour moi, mais peut-être pas pour mes deux visiteurs… Ne dit-on pas que tout dépend du point de vue dans la vie? Et bien, pour moi, -20 degrés Celsius à la mi-avril, c’est le printemps! Même le vent était chaud, je le jure! 
10 jours de cohabitation familiale avec mon paternel!!!! De mémoire de Vikie, même avec photos à l’appui, je n’ai aucun souvenir d’avoir passé autant de jours consécutifs avec Serge! 10 jours bien remplis de fêtes de fêtes (Serge, Céline, Denis), de fêtes de départs (Carole-Anne, Karl et Nicholas… mes amis policiers) et de soirées de jeux parce que quand il y a de la visite au village, tout le monde veut profiter de la visite (ça fait du bien quoi de bavarder avec des nouvelles personnes de temps en temps!!!).

Juin : Ours, cuisine, pique-niques et feux d’artifice!


Dans mes photos, je trouve des ours, des pique-niques et des feux d’artifice! Dans mes souvenirs, je vois une montagne de fruits, de dinde, de hot dog et de patates en purée…
La fin d’année scolaire commence tôt à Umiujaq. Les derniers 10 jours sont toujours remplis d’activités : bal des finissants, souper des gradués, graduation, pique-niques des petits, pique-niques pour tous les élèves, excursions. Cette année, il y a eu une variante : feux d’artifice. Dans un élan de générosité, les gradués (qui n’avaient pas assez d’argent pour voyager) ont utilisé les fonds amassés pendant l’année pour faire une soirée de feux pour la communauté.
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23h00… la nuit commence à s’installer. Le ciel est encore bleu profond, les pompiers se dirigent vers la plage, la rue devant chez moi est animée. Enfants, ados et adultes s’avancent eux aussi vers le bord de l’eau. Le coucher de soleil ayant été magnifique et ayant réussi à me faire sortir pour capturer chacune de ses subtilités, je suis encore éveillée lorsque la noirceur tombe timidement sur la Baie. Et puis pourquoi ne pas y aller?
Dire que j’ai failli la manquer, une de mes plus belles soirées de l’année! Une fois décidée, j’ai accroché mon équipement photo et mon manteau et je me suis dirigée vers la foule. Je croyais bien passer inaperçue, mais c’était sans compter sur la trahison de mon trépied!  Un peu à l’écart, je me suis installée pour vivre ma première expérience de prise de vue de feux d’artifice et ma première expérience de feux d’artifice à Umi. À peine les pattes de mon trépied dépliées, j’entends les « Hello Vikie! Hi Vikie! Bonjour Vikie! » arriver de tous les côtés. Dans la pénombre, je reconnais seulement les voix. Je réponds à chacune des salutations en continuant de m’installer. Par petits groupes d’amis, les jeunes et moins jeunes viennent me piquer une jasette. Je réalise donc que, pour la première fois, je suis seule parmi les gens de la communauté. Seule dans le sens que je ne suis pas avec mes amis enseignants ou policiers ou travailleurs sociaux ou infirmières… 
« Tu fais encore des photos Vikie? Comme d’habitude hein! Tu voyageras où cet été Vikie? Quels pays as-tu visités déjà? Est-ce que voyager était un de tes rêves? » Ils me connaissent plus que je ne le crois ces petits! Je ne les ai jamais sentis aussi attentifs à mes histoires que ce soir noir de feux d’artifice. D et M qui font du cirque sont restées plus longtemps. Je leur ai raconté que voyager a longtemps été un rêve pour moi et l’est encore. Aujourd’hui, ce rêve s’apparente même à une sorte de besoin de découverte à assouvir. Comment vivent les autres? Qu’est-ce qui les anime? Qu’est-ce qui est important pour eux? Mais, «pourquoi vouloir découvrir les autres et qui sont les autres » de me demander D et M? Découvrir les autres pour me connaître moi-même davantage, pour continuer à me développer en tant que personne, pour apporter quelque chose de nouveau aux gens qui m’entourent peut-être… Et les autres, qui sont tous ceux qui sont différents de moi, c’est à dire pratiquement tout le monde pour peu qu’on prenne le temps de se parler vraiment…
Ce soir là, en regardant les feux d’artifice et les silhouettes autour de moi, j’ai vu s’illuminer des parcelles de rêves. Et si c’était ça la clé du bonheur? Avoir la faculté de rêver et la possibilité de poursuivre ses rêves?



Juin - Juillet – Août : vacançothon!
21 juin au 2 juillet : Montréal, Mont-Tremblant, Québec, Charlevoix, Montréal
3 juillet au 16 juillet : Belize
17 juillet au 21 juillet : Fjord du Saguenay
22 juillet au 29 juillet : Tour du Lac St-Jean
30 juillet au 5 août : Nouvelle-Écosse
5 août au 18 août : Montréal
Un été des plus rempli, avec pas même le temps d’écrire quelques chroniques. J’ai bien essayé au Belize, mais le Belize a passé si vite… C’est une réalité, qu’on se le tienne pour dit, je suis lente. Quand tout va très vite (comme 12 jours au Belize, 4 jours dans le fjord, 7 jours autour du Lac ou 6 jours en Nouvelle-Écosse), je n’ai pas le temps de poser un regard reposé sur ma réalité momentanée. Tout l’été, en vérité, a passé bien trop vite!

Le Belize…
Visite éclaire dans ce petit pays de l’Amérique Centrale. Ville, villages, ruines, jungles, déplacements en autobus, bateau, feux d’artifice dans la douche (comme dans court circuit étincelant, accompagné de fumée et d’odeur de brûlée), paradis biologique (Ah Sartaneja) et rencontre avec le monde de Némo (comprendre plongée en apnée dans la mer des Caraïbes). C’était des vacances! J’ai beaucoup dormi, j’ai beaucoup lu et très peu écrit.





Fjord du Saguenay et Lac St-Jean!
Chères Lori et Annie! Les lignes qui suivront vous sont entièrement dédiées, à toi la plus originale des organisatrices (Lori) et à toi la plus accomplie des organisatrices (Annie)! Avant toute chose, je dois vous dire publiquement merci! Lori, d’abord pour m’avoir fait rire et ensuite pour avoir passé ces 4 jours avec moi dans le fjord. Annie, pour m’avoir intégré si chaleureusement à votre trip familiale à Mirko et toi. 
4 jours dans le Fjord avec Lori! Sans doute la première fois que je passe plus que le temps d’une simple soirée avec ma petite sœur. Pendant que je suis en vacances au Belize, Lori s’occupe des réservations camping et moi je m’occupe de la location d’auto. Départ prévu pour le fjord : 1 jour après mon arrivée du Belize. Arrivée du Belize dans la nuit du 15 au 16. Arrêt habituel au Cheval Blanc, dodo, lavage et préparation des bagages. Je regarde les horaires d’autobus, vérifie les lieux de location de nos terrains de camping afin d’imprimer le trajet et…  je revérifie les lieux de location de nos terrains de camping… Tiens étrange…
Avez-vous déjà vu le Fjord du Saguenay? Sur une carte, en vrai, à la télé? Fjord comme dans large (2.5km*)et LONG cours d’eau qui relie le Lac St-Jean au Fleuve St-Laurent. Bordé de montagnes, il n’est traversable qu’à son début, près du fleuve, ou à sa fin, près du lac… Hummm… Par la route, je dirais qu’il fait au minimum 150 km. Qu’en dis-tu Lori? Donc, en regardant de plus près à nos deux terrains de camping réservés, je crois comprendre que ma petite sœur a choisi des campings qui sont vraiment près l’un de l’autre. En réalité, seulement 2.5 km* les séparent… Vous voyez? De l’autre côté du fjord, il y a mon deuxième lieu de camping! Et le moyen le plus rapide pour rejoindre ce camping qui est à moins de 3km? Prendre la route, faire 75km dans un sens, jusqu’à un pont ou un traversier et refaire 75 km dans l’autre sens, jusqu’à notre lieu de camping #2. Le plus long 2.5 km que j’ai jamais fait… ou presque, car l’histoire ne se termine pas là ;-)
Un petit sourire aux lèvres, je message Lori. Où et quand nous rejoignons-nous et y a t’il un traversier qui relie nos deux campings car ils semblent être sur des rives opposés? Quelques minutes plus tard, mon téléphone sonne. C’est Lori ;-)
- « Mais non Vikie! Je n’ai quand même pas réservé des campings sur des rives opposées! »
-«  Bon, d’accord » que je dis.
Et Lori de continuer : « Tu n’as pas l’air de me croire? »
- « C’est qu’on dirait vraiment qu’ils ne sont pas du même côté… »
- « Je veux bien te croire, t’inquiète! ».
Rendez-vous fixé à Alma pour dans 2 jours (parce que je m’étais un peu mêlée avec les dates). Mauricio, Mirko et moi on va aller voir Nicholas (mon ami policier du Nord qui n’est plus au Nord vous vous en douté) et Claudia à St-Gédéon. Lori va nous rejoindre le lendemain, mes accompagnateurs passeront une nuit avec nous au premier camping et Lori et moi continuerons notre séjour entre sœurs!

Et pourquoi l’histoire n’est pas finie? Parce que lorsque nous sommes finalement arrivés à la guérite de notre premier camping, la gentille personne de l’accueil termine son accueil en nous disant que nous pouvons laisser nos véhicules au centre d’interprétation et que nous devons faire les 2.5km qui mènent à notre terrain, à la marche. Vous imaginez alors l’espèce de sourire hilare qui s’installe sur mon visage lorsque je me tourne vers Lori.  Confusion sur son visage… Elle avait retenu qu’il fallait marcher jusqu’au site… mais elle avait enregistré 800m… pas 2500 ;-) Heuuuu… et comment est-on censé transporter notre glacière gigantesque, nos tentes 4 places, notre poêle de camping (parce qu’interdiction de faire des feux), nos bouteilles de vin, de bière… ? C’est sous l’écho d’un rire franc que nous stationnons les véhicules au centre d’interprétation. Nous sommes sauvés, nous allons louer un chariot et Mauricio va le tirer! Mirko a un vélo le chanceux!
Lori, je dois te dire merci. J’ai adoré ce site de camping. Je veux maintenant y retourner, et ce, malgré les 2.5km à marcher! Par contre, je veux y rester plus de 2 nuits et je veux pouvoir y faire un feu (même si toi et moi connaissons mes talents plus que douteux en la matière…)!
Et de l’autre côté, il y a Annie, la plus organisée des organisatrices que je connaisse, carte colorée à l’appui! 250km (hahaha ça ressemble presque à 2.5km…) de pur plaisir (bon peut-être pas si pur que ça si on considère que je n’ai gagné aucune, mais là aucune partie de crib!!!)! De la tente Utopia, aux arrêts prévus dans les microbrasseries, en passant par le zoo de St-Félicien, j’ai même l’impression qu’Annie a planifié la météo pour nous! Une équipe du tonnerre, avec Mirko 9 ans comme leader! Il les a faits tous les km, en restant toujours positif (bon presque toujours, car après une montée de plus de 2km, avec vent de face et 4 jours de vélo dans le corps, on a bien le droit d’avoir un moment (tout petit moment) de découragement). Bravo et merci à mes deux nouveaux amis de vélos! Il faudra penser bientôt à notre prochaine destination!


Je suis finalement arrivée en Nouvelle-Écosse avec beaucoup de sommeil à rattraper! Quel endroit apaisant que ce Digby by the sea! Bobby, Angela et Shannon, mes amis et collègues nordiques et se sont faits d’incroyables guides touristiques! MrmbV édition spéciale à Halifax, route des vins dans la Vallée, Évangéline, l’Habitation, les baleines et le flânage matinal sur le balcon victorien de cette maison sans doute centenaire… que de bons souvenirs!


28 septembre… Assise dans ma chaise hamac (un gros merci à Lucassie), je relis mes péripéties en me demandant ce qui arrivera de ce blogue. Peut-être est-ce le temps… Peut-être est-ce le fameux cycle de trois ans… Vikie au Nunavik… et ailleurs! Suis-je prête à aller voir ailleurs si j’y suis? J’ai imprimé tout ce que j’ai écrit depuis mon arrivée ici… plus de 150 pages d’histoires, d’anecdotes et d’aventures. Je m’imagine en Indonésie pour quelques mois, ordi et « manuscrit » en main. Il y a peut-être quelque chose à faire avec tout ça…  lorsqu’il n’y a plus rien à écrire, il y a peut-être encore quelque chose à lire, relire et à retravailler…

Je terminerai donc en ne faisant aucune promesse que je ne pourrais tenir quant à une prochaine publication virtuelle. Cependant j'espère vous revenir avec quelques nouvelles du projet de Shiatsu au Nunavik, qui se concrétisera dès la mi-novembre. Merci à tous pour votre soutien. Merci à Benoit et Tiphaine pour leur initiative et leur sens du partage incroyable! 



mardi 5 mars 2013

Aux limites de ma réalité... il y a parfois l'absurdité et d'autres fois il y a la beauté...


Réflexion…

 
Quelqu’un a déjà dit : « Si tu fais le mal, fais-le bien. » Je l’ai moi-même souvent dit et parfois même appliqué avec beaucoup de rigueur…
Le bien et le mal… L’acceptable et l’inacceptable… Concepts aux frontières parfois un peu floues… Que pense l’enfant soldat du bien, installé à la frontière de son pays, arme à la main? Qu’est-ce qui est acceptable pour lui?
Le bien et le mal… Au fond, peu importe si nos actions se situent dans l’une ou l’autre des catégories, les conséquences de celles-ci seront les mêmes je crois. Quand je pose une action, je pense généralement que je fais le bien. Mais est-ce que je fais vraiment généralement le bien? Qu’en pensent les gens qui m’entourent? Question de point de vue? Question de culture? Question d’expériences?

 

Point de presse…

Dimanche 3 mars. Jacques Brel, café et internet. Mes amis Karl et Nicholas viennent déjeuner aujourd’hui. C’est un peu devenu une habitude de fin de semaine pour le trio infernal que nous sommes. Nos déjeuners durent généralement 3 ou 4 heures. Ce n’est pas comme si nous avions des tonnes de nouvelles à nous raconter depuis la veille, mais nous avons trouvé une sorte de zone de confort dans laquelle nous pouvons réinventer la vie, le monde, le Nunavik… Dimanche 3 mars. Jacques Brel, café et internet. Comme nous ne fixons jamais d’heure, je me mets en ligne sur facebook pour voir si l’un ou l’autre de mes policiers préférés est déjà levé. Karl est là… Nich est là… Sur leur photo de profil, je vois une boucle noire avec le logo du KRPF (Kativik Regional Police Force). Un policier de Kuujjuaq a perdu la vie hier soir et un autre est blessé. Appel pour violence conjugale… Ces deux policiers n’ont pas eu la même chance que mon amie Megan…

-Extrait de la publication du mois de janvier-

« Dans l’irrationalité des raisonnements qui arrivent parfois, je me suis surprise à ressentir un sentiment de soulagement en me disant qu’heureusement… elle [Megan] n’avait reçu que quelques coups de poing (bordel quel poing!).  Mais quel genre de réflexion te fais-tu Vikie??? Et bien ici, dans plusieurs maisons, il y a des harpons et des carabines… Quelques coups de poing, en y pensant bien… Ça peut presque ressembler à un soulagement finalement… »

Je ne connais pas ces deux policiers de Kuujjuaq… Mais je sais qu’un des deux est décédé, que sa famille et ses amis ne pourront jamais plus profiter de sa présence… Je sais que l ‘autre restera marqué par cette intervention qui aura coûté la vie à son partenaire…
Coûter la vie…
Mais elle a quel prix au fait la vie? Pour vous? Pour moi? Pour le KRPF? Pour le système de justice? Est-ce que c’est juste, justement de mourir en faisant son travail? Même si notre travail c’est d’être policier? Est-ce que mourir devrait être un risque du métier?

Je ne connais pas ces deux policiers de Kuujjuaq… mais je connais les trois policiers d’Umiujaq…  Je vous offre humblement tout mon soutien, toutes mes condoléances et toute ma gratitude. Merci d’être ici, d’avoir croisé ma vie, de m’avoir permis de faire tomber quelques-uns de mes préjugés.

Aujourd’hui cependant, j’ai comme une sorte de souhait inavoué, soit celui de vous voir tous partir d’ici, pour un ailleurs peut-être pas meilleur, mais pour un ailleurs où le ratio arme à feu / habitant est un peu moins élevé…  Je vous veux comme amis longtemps. Mais en même temps, je veux aussi que vous continuiez à être policiers, car du haut de mon ignorance, je sens que vous faites le bien, bien…

Ce soir mes pensées se perdent dans l’irréalité… Et j’imagine le pire... Je me demande si ça fait vraiment du sens… Un appel arrive sur la radio… Deux policiers y répondent… Appel de détresse… parce qu’on se le rappelle bordel… les policiers n’interviennent pas comme ça chez les gens… Un appel arrive sur la radio… Deux policiers y répondent… S.D. perd la vie…

Et si vous partez demain amis policiers, même si je vous regarde partir avec le soulagement dans l’âme et le bonheur dans le cœur, dites-moi comment je regarderai vos remplaçants arriver?


Dans un tout autre ordre d’idée et parce que le Nunavik c’est encore et toujours de belles images en vrac…


27 février à Umiujaq…

Le 27 février est une journée bien spéciale pour un résident du village. Et, bien au-delà de la journée qui est spéciale, le résident lui-même doit bien avoir un petit je ne sais quoi, car pas moins de 15 personnes se sont déplacées pour aller le visiter.
Le 27 février est donc un soir de fête à Umi. Oui oui! Richard Parker, mon mari, fête son anniversaire aujourd’hui! Jeune homme fringant, doux, roux, grand, musclé, indépendant, avec juste assez de mordant. Le mari parfait je vous le dis!
Oups, mais c’est vrai… Vous ne saviez peut-être pas que l’an dernier je m’étais marié??%$#%???? Mais oui, vous savez… Juste avant mes vacances à La Havane… Rappelez-vous : Richard Parker, mon mari, jeune, musclé, fort et amateur de golf! Visitant les terrains pendant que moi je me baladais dans les rues de la capitale! Est-ce que j’avais oublié de vous partager cet épisode de ma vie???

-       « Vikie Brabant, acceptez-vous de prendre Richard Parker pour époux? »
-       «  Oui je le veux.»
-       « Richard Parker, acceptez-vous de prendre Vikie Brabant pour épouse? »
-      
-       « Richard Parker… M. Parker??? »
-       … « Miaou je le veux! » 

Bon d’accord, j’explique un peu! Avant de partir seule en vacances l’an dernier, Angela, la mère de Richard Parker (ben pas la mère biologique là, la mère adoptive) m’a suggéré de porter une bague de mariage pour mon séjour à La Havane. En plus de la bague, elle m’a suggéré de me préparer à répondre aux questions personnelles du genre : êtes-vous marié, comment s’appelle votre mari, qu’est-ce qu’il fait dans la vie? Angela et moi avons donc passé la soirée à élaborer un scénario de vie fictive pour moi, dans lequel nous m’avons marié à Richard Parker, le chat de la maison!

Mais le plus drôle dans tout ça, c’est que par un mercredi soir, 15 personnes d’Umiujaq se soient réunies pour fêter la fête d’un chat. Cadeaux, gâteau et jeux! Sans doute avions-nous simplement besoin de cette porte de sortie irrationnelle.


Jeudi dernier…

 18h45, Angela m'appelle pour me dire que les aurores sont dehors. Étonnée et vaguement incrédule, je dois l’avouer (le soleil n'est même pas encore tout à fait couché), je m'habille en vitesse avec un doute en tête. Peut-être que mes amis nordiques ont fait un pari et se demandent jusqu'à quel point mon envie de la photo ultime repoussera les limites de ma naïveté... Tout en m'habillant (comme dans mettre des vêtements de neige et non comme dans je suis toute nue chez moi à 18h45, quoi que dans le fond ça ne vous regarde pas...), j'accroche le téléphone et passe le message à Karl. Avec la même incrédulité que moi, il me partage toute sa réflexion (que j'écoute à peine question de continuer dans les confidences… pardon Karl) et je finis par lui dire : «  Tu fais ce que tu veux, mais moi je sors et je serai sur la plage enneigée à quelques pas de chez moi! »

Une nouvelle première nordique pour moi !!! Aurores sur coucher de soleil ! Je suis vraiment excitée quand je réalise qu’il n’y a aucun coup monté ! À peine le pied dehors, j’aperçois les aurores dans le ciel. Les jambes à mon cou et le trépied sous le bras, je cours, je cours, je cours ! WOUAWE !

Karl arrive pas longtemps après moi. Dans l’énervement du coup de téléphone, je réalise que je n’avais pas pris le temps d’écouter sa réponse finale et de dire au revoir… Il s’installe à côté de moi, nous échangeons quelques informations : vitesse, ouverture, iso… Angela nous rejoint et quelques photos plus tard, nous voilà dans le pick-up policier, en route vers le dépotoir.

Heureusement que le ciel nous offre un spectacle impressionnant… Karl arrête notre trajet juste après le premier tournant. Pas le choix d’arrêter si on ne veut pas manquer le meilleur… En débarquant, je remarque que nous sommes exactement au même endroit que lors de ma dernière expédition aux aurores en solitaire avec mon Honda « défectueux » (que j’avais poussé pour revenir vous vous rappelez ?). Coup d’œil circulaire. Karl d’un côté de la route, moi de l’autre. Angela couchée au milieu. On n’en revient juste pas ! Regarde là ! Puis là ! As-tu vu ça ?

 
Entre deux déclenchements d’appareils photo et quelques exclamations redondantes, le son de la radio de Karl s’occupe de nous ramener à la réalité ! Une voix paniquée se fait entendre, Karl plie trépied, nous dit de monter. Court silence. Angela et moi on se regarde. Nous allons rentrer à pied.

Nous avons fait quelques photos de plus, dans un demi-silence, avec un peu de retenue dans notre extase auroresque. J’ai reconnu la voix à la radio. Angela et moi n’osons pas trop commenter. On se concentre finalement sur le ciel vert et presque violet.

...

Je réalise que je suis un peu comme une enfant gâtée de la Vie! Jeudi, quand je suis sortie faire des photos des aurores boréales avec Angela, elle et moi avons trouvé le moyen de nous plaindre du fait que notre ciel manquait d'aurores cette année! Nous avons même poussé l'audace jusqu'à affirmer que ça faisait du bien d'être enfin sous un ciel lumineux dansant! 

La perspective… Toujours faire preuve de perspective !


Il y a quelques semaines…

Première visite perso à Umi pour moi! Quoi que je dis perso, mais en même temps je pourrais peut-être dire visite circonstancielle! Frédéric (ami tout droit sorti du secondaire et retrouvé via Facebook) et Étienne (fils le plus âgé de Frédéric) débarquent dans mon petit paradis pour 3 jours! QUOI???? POUR TROIS JOURS SEULEMENT????? Il est riche où quoi ton ami Fred?
MeeeeeeeeeeeNNNNONNNNNNNNNNNN!
Fred travaille à PET. Une semaine de congé pour lui, une invitation de ma part et un bon deal sur des billets d’avion à cause de son emploi. Plusieurs d’entre vous connaissent ma facilité à vous suggérer régulièrement de venir me visiter. Je n’arrête pas de lancer des invitations à gauche et à droite depuis près de trois ans maintenant! Eh bien, je  le savais que ça allait marcher un jour!


Donc Fred et Étienne au Nunavik! Un pur plaisir que de partager mon univers. Ils ont été trop chanceux côté température! Je me rappellerai longtemps de notre expédition en skidoo à travers les deux lacs, jusqu’au Richmond Gulf avec un arrêt à la cabine d’Alain et Josée mes voisins préférés. Frédéric, Étienne, Éveline, Adam, Lucassie, Darlene, Angela, Marie-Lisa, Olivier, Josée et Alain… Alain… MERCI!






Et puis pourquoi pas un Igloo?

Parce qu’après avoir construit un Inuksuk géant en neige (qui n’a pas tenu le coup), la suite logique nous amenait tout droit vers l’igloo (et aussi parce qu’on s’ennuyait peut-être beaucoup de Nich). Le périple architectural commence donc par un message de Karl (ben oui encore Karl).
-       Vikie, si on construisait un Igloo demain?
-       Heuuu… C’est que j’ai des travaux à faire moi!
-       Mais Vikie, on pourrait commencer dans l’après-midi.
-       HHHHeuuuuuu… Ok, mais je devrai faire des travaux dimanche matin aussi si je vais jouer dehors samedi après-midi… ce qui veux dire qu’on ne déjeunera pas ensemble ce weekend…
-       Vikie, voilà ce que je te propose : on fait l’igloo samedi et dimanche après-midi, tu fais tes travaux les matins et dimanche soir tu viens souper chez moi et tu continues tes travaux pendant que je fais à manger!
-       Heuuuu…. DAC! Mais ça se construit comment un igloo Karl?
-       Pas de blème, je t’envoie la marche à suivre que j’ai trouvée sur le net!


C’est donc armés de pelles, de scies et de la marche à suivre trouvée sur internet que nous commençons notre construction! Je vous épargne les détails, car il se fait tard mes chanceux… Mais disons qu’en plus d’apprendre à construire un Igloo, j’ai appris :
1.     qu’il est préférable de toujours valider les instructions visuelles par une lecture du texte en petit caractère qui les accompagne…
2.     que même si un trou n’est pas très gros… il peut être très profond et qu'on peut tomber longtemps dedans…
3.     qu’il est mieux de terminer la construction d’un Igloo avant l’arrivée du blizzard…





En images…

Ski et sauts sur la Baie et aux îles en solitaire, mais avec la musique d’Éric dans les oreilles!





Je terminerai avec une pensée spéciale pour mes voisins préférés… et pourquoi pas pour chacun de vous après tout... 

Prenez soin les uns des autres. Je vous envoie plein de câlins parce que les câlins ça fait du bien! 




Plus de photos : http://vikieaununavikeetailleurs.shutterfly.com/pictures

mercredi 30 janvier 2013

Trouver sa place entre le calme et la tempête...







Dehors novembre… ou décembre… je ne me rappelle plus trop…


Samedi midi… je suis assise sur le bout du siège de mon fauteuil préféré. Un coup d’œil dehors, un coup d’œil à l’horloge de mon ordi. Ça fait 30 minutes que je navigue sur le Net à la recherche du temps à perdre… Je ne trouve rien pour capter mon attention, pour faire passer plus rapidement les minutes qui me séparent de notre départ! Samedi midi, le soleil est presque là alors il faut en profiter. Probablement la dernière sortie de Honda aux deux lacs avant le printemps prochain! Je me sens comme un enfant qui attend sa tante qui est toujours en retard le matin de Noël (Françoise, Sophie et Karl vous me comprenez sûrement!)… Les cadeaux sont là devant moi, mais je dois attendre!
C’est là que je me dis… pourquoi ne pas écrire quelques chroniques pour tuer le temps!
(Rassurez-vous, j’ai fait mon travail hebdomadaire d’anglais et je l’ai déposé en ligne)
Donc une image de moi qui attends le temps… Vous savez déjà que je suis assise sur le bout de mon fauteuil. Mais ce que vous ne savez pas c’est que je suis en combine! Une pile de vêtements git à côté de moi, prête à être enfilée le moment venu (moment qui se rapproche heureusement… autant pour moi que pour vous!). Ceux qui me connaissent un peu plus ne seront pas surpris par ma prochaine énumération : une deuxième paire de bas à mettre dans les bottes Sorel, un pantalon de neige, un deuxième polar, un manteau, un autre manteau, ma cagoule, un cache-cou, une tuque à poils et des lunettes fumées… Mais tu n’as pas peur d’avoir froid me direz-vous sarcastiquement? Et bien imaginez-vous donc… alors dans le sac qui attend à côté de la porte…  il y a un thermos de soupe, un de thé, un polar extra et une paire de bas supplémentaire! Je pense que ça va aller…

Bon ça y est… Éveline va arriver dans moins de 5 minutes! Je peux enfin commencer à enfiler ma combinaison de survie de toundra hivernale ;-) Je reviens en fin de journée!


La magie de l’écrit, du temps qui passe sans témoin entre ces lettres, ces mots, ces phrases, ces lignes… Maintenant dimanche soir… de la semaine suivante. Fin de semaine cette fois à payer le prix de ma lubricité de la fin de semaine passée. Deux jours de travaux forcés infligés à grands coups de sorties en 4 roues! Hahahahaha! Les sorties valaient le « sacrifice » des deux derniers jours. Parce qu’après tout, ce n’est pas si pire de faire ce que l’on aurait déjà dû faire depuis quelques jours… En plus, la météo a été de mon bord, poudrerie et ciel gris, ce qui a sans doute aidé à me faire avaler ces deux jours de sédentarités.

Les travaux terminés… pour aujourd’hui… je me « récompense » en m’offrant un moment d’intimité avec vous et mon clavier! Et je me dis : pourquoi ne pas retourner à cette dernière fin de semaine, où je me suis payée pas une, mais deux journées de sorties toundraesques! Samedi aux deux Lacs; dimanche au Richmond Gulf.  J’aime mes voisins d’en haut, car ils sont comme des enfants devant la neige, le plein air, le dehors. Samedi, nous partons avec l’objectif d’aller jusqu’où nous pourrons. Il y a un peu de neige accumulée, sûrement quelques pièges à éviter. Ça nous prend tout de même quelques km avant de devoir pousser les 4 roues! Ma passagère du jour, Éveline, me dit à un moment qu’elle ne pensait pas que faire du Honda pouvait faire faire de l’exercice! Je souris en me rappelant mes sorties du printemps d’avant, avec Bobby, Darlene et Lucassie. Et que dire de la conduite dans la neige! Un réel,  pur et enivrant plaisir pour moi qui aime tant conduire! Mais oui maman je fais attention entre chaque coup d’accélération, car effectivement, un des trucs pour ne pas rester pris dans la neige est d’avancer d’un tour de roue certain vers l’infini et même plus loin encore… Pourvu qu’on ne réveille pas les ours, car Adam ne m’a pas encore montré la technique de chasse à la nalgène!


L’arrivée aux Deux Lacs est toujours aussi majestueuse par la trail des 4 roues. En surplomb, on peut voir du haut des rochers, les deux lacs se dessiner entre les montagnes. Aujourd’hui, les montagnes sont enneigées, les lacs sont gelés. La toundra est recouverte d’une mince couche de neige.  Comme Alain à une passion secrète pour le creusage de trous dans la glace, après une courte pause, nous nous dirigeons au fond de la vallée et les lacs gelés.  Premier arrêt à l’entrée du lac. Un trou, deux trous… La glace est testée. Pourquoi ne pas traverser en 4 roues pour aller taquiner le poisson de l’autre côté?
Aucun poisson attrapé, mais juste un magnifique après-midi de novembre (voilà je viens de trouver à la relecture!!! Oui oui, la relecture est ma résolution 2013!!) passé dehors, au grand air, dans l’immensité de la beauté Nunavikienne(merci Stéfan pour cette découverte).

Le lendemain, tôt le matin, bien prête à me mettre au travail… attablée devant une BD et un café, je reçois l’appelle de ma voisine d’en haut. Sortie prévue au Richmond Gulf. Je bafoue, je tente de refuser, je refuse faiblement et je raccroche, pour reprendre la ligne presque aussitôt : « Oui, Josée? Ben…  je pense que je vais y aller! » « Je le savais! » que me répond ma voisine préférée d’un ton joyeux! Rendez-vous donné, je profite tranquillement de ma matinée en continuant dans la BD et le café.

La route du Richmond Gulf vous l’avez vu plusieurs fois en photo depuis deux ans. Je me suis donc permis de faire le trajet sans sortir l’appareil photo. Parfois ça fait du bien de juste regarder avec des yeux paresseux… et aussi juste pour moi! Ma découverte de la journée, le bon accord de la musique et du VTT! Jean Leloup m’a accompagnée tout au long du trajet, 11 km vous vous rappelez? Quand je me balade à Umiujaq, je suis rarement toute seule donc rarement accompagnée de musique. Expérience à répéter, c’est-à-dire moi, la musique et l’immensité de mon petit coin de pays! Donc, Jean Leloup dans la tête, les caps de roches dans les yeux et le bonheur dans le cœur!

Un parc à Umiujaq… et en Français s’il vous plaît!

Quelque part à la mi-décembre, il y eut la cérémonie d'inauguration du Parc Tursujuq (parc national dans la région) à l'école. Que de protocole dans notre petit village! Dignes représentants du gouvernement, expliquant en français que le parc est pour les Inuit, qu’il aidera à préserver la culture et les traditions... Certains discours sont partiellement traduit en Inuktitut, d'autres non. Celui-là n'a pas été traduit!!! Sérieusement… À part les gens qui ont si savamment discouru dans un français soigné et des plus inaccessible (mais Ô combien Radio-Canadien) et une poignée (comme dans moins de 10) d’autres personnes (non-inuit)… peu de gens a saisi la beauté du geste de notre cher Gouvernement… 


Les amis du Nord.

Dans un tout autre ordre d’idée… Est-ce que je vous ai déjà parlé des policiers? Hummm… sûrement que je les ai mentionnés une ou deux fois. Dernièrement, je réalisais qu’à Umiujaq, les policiers sont toujours des policiers… est-ce que vous comprenez? Comment je pourrais bien expliquer. Déjà qu’ils sont presque tout le temps en service, ils peuvent difficilement socialiser avec le reste de la communauté. Quand ils viennent souper avec nous, ils doivent parfois quitter au milieu de la soirée. Quand leur véhicule reste stationné devant la maison trop longtemps, il y a parfois des roches qui sont lancées à ma fenêtre.

Même si lorsqu’ils arrivent dans une maison c’est parce qu’ils y ont été appelés, ils sont souvent mal perçus par plusieurs personnes de la communauté. C’est quoi à vous votre idée des policiers? Sérieusement? Sans tomber dans la frustration des tickets de vitesse ou de stationnement. C’est quoi votre vision des policiers? (Zut je viens de me rappeler les événements reliés à la grève étudiante du printemps dernier… En fait je ne m’en rappelle pas vraiment, mais je me rappelle que les policiers ont perdu quelques plumes… ). Un peu avant les vacances de Noël, une des policières a du être évacuée vers POV (Puvurnituq) suite à une intervention. Commotion cérébrale sévère. De POV elle est partie vers Mtl… et finalement, elle n’est pas encore revenue…  Je pense qu’elle ne reviendra pas…

Dans l’irrationalité des raisonnements qui arrivent parfois, je me suis surprise à ressentir un sentiment de soulagement en me disant qu’heureusement… heureusement... elle n’avait reçu que quelques coups de poing (bordel quel poing!).  Mais quel genre de réflexion te fais-tu Vikie??? Et bien ici, dans plusieurs maisons, il y a des harpons et des carabines… Quelques coups de poing, en y pensant bien… Ça peut presque ressembler à un soulagement finalement…

Les policiers d’Umiujaq, je les connais moi. Ce sont des personnes comme les autres, avec des rêves, des idéaux, des visions de la vie, des projets, des amis, des familles. En avez-vous vous des préjugés envers les policiers? Moi j’en avais… Eh oui… Mais maintenant, je n’en ai plus… Me pardonnerez-vous M, C, N, K, PO et S?


Fait divers… et cocasse pour certain (K tu te reconnaitras j'espère!)

Ben oui! Il semble que je ne puisse faire une visite au sud sans y arriver un brin maganée! Cette fois cependant, ce ne sont pas des arbustes qui m'ont attaquée, mais plutôt un verre qui m'a cassé dans la main... à minuit... Seule à la maison, pas de pansements... Comme mes trois amis policiers venaient à peine de partir... je les ai appelés pour demander du renfort de diachylon. Deux des trois étant partis sur un appel, le troisième policier, en congé, est venu à la course chez moi! Après constatation des dégâts, Karl (oui oui comme mon frère… avec un K) me dit que je dois aller au nursing... Sceptique, je lui dis que ça va aller, qu'on a juste à mettre quelques gaz sur ma main et à faire quelques tours de tape et que ça ira.
Il insiste…
J'insiste…
Il finit par appeler son collègue et lui dit que s'il travaillait, il m'amènerait au nursing…
En quelques minutes, Nicholas (oui oui avec un h…) arrive chez moi. À noter, il venait de recevoir un coup de pied au visage...
Il regarde ma main, me regarde et me dit sur un ton très sérieux : Vikie tu t'en vas au nursing.
Je le regarde…
Je bafouille un timide ok… Le regard et l'uniforme ont fait leur effet!

Trois points de suture plus tard, Karl me raccompagne chez moi, bien amusé par la séance de couture à laquelle il vient d’assister. Merci à l’infirmière que j’ai réveillée, merci à Karl d’avoir insisté… et d'avoir terminé ma vaisselle, merci à Nicholas pour son regard convaincant!

... 

Et le retour au Nord me demanderez-vous???

Bordel!
Oups!
Cie!
Que les journées sont remplies! Imaginez : aujourd’hui mardi, 20h30 passé, installée dans mon fauteuil, sans café (mais écoutant la play list de mon ami Éric), je transgresse toutes mes habitudes nordiques en terminant cette Chronique.

Sport 5 soirs semaine (et pourquoi ne pas faire des squats en sautant?), travaux universitaires, sortis dans la neige… Mes fins de semaine sont maintenant trop courtes!

Mais vous savez quoi? Changer de rythme ça fait du bien! Merci mes amis Karl et Nich. Je commençais à m’enliser dans mes petites habitudes, ma petite routine et mon petit confort. Vous me rappelez l’énergie de ma première année ici, avec Sandra et Martyn et ça, ce n’est pas rien! Peut-être qu’au fond c’est un peu ça la vie, que de se promener d’un état à un autre, entre le calme et la tempête. Passant de l’un à l’autre en recherchant une sorte d’équilibre. Quelqu’un n’a pas déjà dit que l’important c’est le mouvement? Si personne ne l’a dit, alors moi je le dis! Je pourrais même combiner cette vérité avec celle de M. Ibrahim : « Le secret du bonheur c’est la lenteur dans le mouvement! » Et vlan!

Prendre le temps, mais ne pas s’arrêter pour autant!

Voilà pour cette chronique combinée décembre et janvier… Si vous saviez comme je m’en suis voulu de ne pas publier le mois dernier.

Et je terminerai en vous remerciant pour les excellentes vacances de Noël que j’ai passées au Sud : agréables réveillons de Noëls et de Jour de l’an, déjeuners, dîners et soupers en très petits comités. Bières bien dégustées. Je n’ai pas vu beaucoup de monde, mais le temps que j’ai passé avec chacun de vous a été de qualité…(Quelqu’un d’autre n’a pas déjà dit que l’important c’est la qualité et pas la quantité? )

Ça me fait penser à mes plans pour l’été qui s’en vient : le Québec et ses environs! J’ai un début d’idée de cyclotourisme en tête! Diane, tu as des destinations à me suggérer?