Dehors novembre… ou décembre… je ne me rappelle plus trop…
Samedi midi… je suis assise sur le bout du siège de mon
fauteuil préféré. Un coup d’œil dehors, un coup d’œil à l’horloge de mon ordi.
Ça fait 30 minutes que je navigue sur le Net à la recherche du temps à perdre…
Je ne trouve rien pour capter mon attention, pour faire passer plus rapidement
les minutes qui me séparent de notre départ! Samedi midi, le soleil est presque
là alors il faut en profiter. Probablement la dernière sortie de Honda aux deux
lacs avant le printemps prochain! Je me sens comme un enfant qui attend sa
tante qui est toujours en retard le matin de Noël (Françoise, Sophie et Karl
vous me comprenez sûrement!)… Les cadeaux sont là devant moi, mais je dois
attendre!
C’est là que je me dis… pourquoi ne pas écrire quelques
chroniques pour tuer le temps!
(Rassurez-vous, j’ai fait mon travail hebdomadaire d’anglais
et je l’ai déposé en ligne)
Donc une image de moi qui attends le temps… Vous savez déjà
que je suis assise sur le bout de mon fauteuil. Mais ce que vous ne savez pas
c’est que je suis en combine! Une pile de vêtements git à côté de moi, prête à
être enfilée le moment venu (moment qui se rapproche heureusement… autant pour
moi que pour vous!). Ceux qui me connaissent un peu plus ne seront pas surpris
par ma prochaine énumération : une deuxième paire de bas à mettre dans les
bottes Sorel, un pantalon de neige, un deuxième polar, un manteau, un autre
manteau, ma cagoule, un cache-cou, une tuque à poils et des lunettes fumées…
Mais tu n’as pas peur d’avoir froid me direz-vous sarcastiquement? Et bien
imaginez-vous donc… alors dans le sac qui attend à côté de la porte… il y a un thermos de soupe, un de thé,
un polar extra et une paire de bas supplémentaire! Je pense que ça va aller…
Bon ça y est… Éveline va arriver dans moins de 5 minutes! Je
peux enfin commencer à enfiler ma combinaison de survie de toundra hivernale
;-) Je reviens en fin de journée!
…
La magie de l’écrit, du temps qui passe sans témoin entre
ces lettres, ces mots, ces phrases, ces lignes… Maintenant dimanche soir… de la
semaine suivante. Fin de semaine cette fois à payer le prix de ma lubricité de
la fin de semaine passée. Deux jours de travaux forcés infligés à grands coups de
sorties en 4 roues! Hahahahaha! Les sorties valaient le « sacrifice »
des deux derniers jours. Parce qu’après tout, ce n’est pas si pire de faire ce
que l’on aurait déjà dû faire depuis quelques jours… En plus, la météo a été de
mon bord, poudrerie et ciel gris, ce qui a sans doute aidé à me faire avaler
ces deux jours de sédentarités.
Les travaux terminés… pour aujourd’hui… je me
« récompense » en m’offrant un moment d’intimité avec vous et mon
clavier! Et je me dis : pourquoi ne pas retourner à cette dernière fin de
semaine, où je me suis payée pas une, mais deux journées de sorties
toundraesques! Samedi aux deux Lacs; dimanche au Richmond Gulf. J’aime mes voisins d’en haut, car ils
sont comme des enfants devant la neige, le plein air, le dehors. Samedi, nous
partons avec l’objectif d’aller jusqu’où nous pourrons. Il y a un peu de neige
accumulée, sûrement quelques pièges à éviter. Ça nous prend tout de même
quelques km avant de devoir pousser les 4 roues! Ma passagère du jour, Éveline,
me dit à un moment qu’elle ne pensait pas que faire du Honda pouvait faire
faire de l’exercice! Je souris en me rappelant mes sorties du printemps
d’avant, avec Bobby, Darlene et Lucassie. Et que dire de la conduite dans la
neige! Un réel, pur et enivrant
plaisir pour moi qui aime tant conduire! Mais oui maman je fais attention entre
chaque coup d’accélération, car effectivement, un des trucs pour ne pas rester
pris dans la neige est d’avancer d’un tour de roue certain vers l’infini et
même plus loin encore… Pourvu qu’on ne réveille pas les ours, car Adam ne m’a
pas encore montré la technique de chasse à la nalgène!
L’arrivée aux Deux Lacs est toujours aussi majestueuse par
la trail des 4 roues. En surplomb, on peut voir du haut des rochers, les deux
lacs se dessiner entre les montagnes. Aujourd’hui, les montagnes sont
enneigées, les lacs sont gelés. La toundra est recouverte d’une mince couche de
neige. Comme Alain à une passion
secrète pour le creusage de trous dans la glace, après une courte pause, nous
nous dirigeons au fond de la vallée et les lacs gelés. Premier arrêt à l’entrée du lac. Un
trou, deux trous… La glace est testée. Pourquoi ne pas traverser en 4 roues
pour aller taquiner le poisson de l’autre côté?
Aucun poisson attrapé, mais juste un magnifique après-midi
de novembre (voilà je viens de trouver à la relecture!!! Oui oui, la relecture
est ma résolution 2013!!) passé dehors, au grand air, dans l’immensité de la
beauté Nunavikienne(merci Stéfan pour cette découverte).
Le lendemain, tôt le matin, bien prête à me mettre au
travail… attablée devant une BD et un café, je reçois l’appelle de ma voisine
d’en haut. Sortie prévue au Richmond Gulf. Je bafoue, je tente de refuser, je
refuse faiblement et je raccroche, pour reprendre la ligne presque aussitôt :
« Oui, Josée? Ben… je pense
que je vais y aller! » « Je le savais! » que me répond ma
voisine préférée d’un ton joyeux! Rendez-vous donné, je profite tranquillement
de ma matinée en continuant dans la BD et le café.
La route du Richmond Gulf vous l’avez vu plusieurs fois en
photo depuis deux ans. Je me suis donc permis de faire le trajet sans sortir
l’appareil photo. Parfois ça fait du bien de juste regarder avec des yeux
paresseux… et aussi juste pour moi! Ma découverte de la journée, le bon accord
de la musique et du VTT! Jean Leloup m’a accompagnée tout au long du trajet, 11
km vous vous rappelez? Quand je me balade à Umiujaq, je suis rarement toute
seule donc rarement accompagnée de musique. Expérience à répéter, c’est-à-dire
moi, la musique et l’immensité de mon petit coin de pays! Donc, Jean Leloup
dans la tête, les caps de roches dans les yeux et le bonheur dans le cœur!
Un parc à Umiujaq… et en Français s’il vous plaît!
Quelque part à la mi-décembre, il y eut la
cérémonie d'inauguration du Parc Tursujuq (parc national dans la région) à
l'école. Que de protocole dans notre petit village! Dignes représentants du
gouvernement, expliquant en français que le parc est pour les Inuit, qu’il
aidera à préserver la culture et les traditions... Certains discours sont partiellement traduit en
Inuktitut, d'autres non. Celui-là n'a pas été
traduit!!! Sérieusement… À part les gens qui ont si savamment discouru
dans un français soigné et des plus inaccessible (mais Ô combien
Radio-Canadien) et une poignée (comme dans moins de 10) d’autres personnes
(non-inuit)… peu de gens a saisi la beauté du geste de notre cher
Gouvernement…
Dans un tout autre ordre d’idée… Est-ce que je vous ai déjà
parlé des policiers? Hummm… sûrement que je les ai mentionnés une ou deux fois.
Dernièrement, je réalisais qu’à Umiujaq, les policiers sont toujours des
policiers… est-ce que vous comprenez? Comment je pourrais bien expliquer. Déjà
qu’ils sont presque tout le temps en service, ils peuvent difficilement
socialiser avec le reste de la communauté. Quand ils viennent souper avec nous,
ils doivent parfois quitter au milieu de la soirée. Quand leur véhicule reste
stationné devant la maison trop longtemps, il y a parfois des roches qui sont
lancées à ma fenêtre.
Même si lorsqu’ils arrivent dans une maison c’est parce
qu’ils y ont été appelés, ils sont souvent mal perçus par plusieurs personnes
de la communauté. C’est quoi à vous votre idée des policiers? Sérieusement? Sans
tomber dans la frustration des tickets de vitesse ou de stationnement. C’est
quoi votre vision des policiers? (Zut je viens de me rappeler les événements
reliés à la grève étudiante du printemps dernier… En fait je ne m’en rappelle
pas vraiment, mais je me rappelle que les policiers ont perdu quelques plumes… ).
Un peu avant les vacances de Noël, une des policières a du être évacuée vers
POV (Puvurnituq) suite à une intervention. Commotion cérébrale sévère. De POV
elle est partie vers Mtl… et finalement, elle n’est pas encore revenue… Je pense qu’elle ne reviendra pas…
Dans l’irrationalité des raisonnements qui arrivent parfois,
je me suis surprise à ressentir un sentiment de soulagement en me disant
qu’heureusement… heureusement... elle n’avait reçu que quelques coups de poing (bordel quel
poing!). Mais quel genre de
réflexion te fais-tu Vikie??? Et bien ici, dans plusieurs maisons, il y a des
harpons et des carabines… Quelques coups de poing, en y pensant bien… Ça peut
presque ressembler à un soulagement finalement…
Les policiers d’Umiujaq, je les connais moi. Ce sont des
personnes comme les autres, avec des rêves, des idéaux, des visions de la vie,
des projets, des amis, des familles. En avez-vous vous des préjugés envers les
policiers? Moi j’en avais… Eh oui… Mais maintenant, je n’en ai plus… Me
pardonnerez-vous M, C, N, K, PO et S?
Fait divers… et cocasse pour certain (K tu te reconnaitras j'espère!)
Ben oui! Il semble que je ne puisse faire une
visite au sud sans y arriver un brin maganée! Cette fois cependant, ce ne sont
pas des arbustes qui m'ont attaquée, mais plutôt un verre qui m'a cassé dans la
main... à minuit... Seule à la maison, pas de pansements... Comme mes trois
amis policiers venaient à peine de partir... je les ai appelés pour demander du
renfort de diachylon. Deux des trois étant partis sur un appel, le troisième
policier, en congé, est venu à la course chez moi! Après constatation des dégâts,
Karl (oui oui comme mon frère… avec un K) me dit que je dois aller au nursing...
Sceptique, je lui dis que ça va aller, qu'on a juste à mettre quelques gaz sur
ma main et à faire quelques tours de tape et que ça ira.
Il insiste…
J'insiste…
Il finit par appeler son collègue et lui dit que
s'il travaillait, il m'amènerait au nursing…
En quelques minutes, Nicholas (oui oui avec un h…)
arrive chez moi. À noter, il venait de recevoir un coup de pied au visage...
Il regarde ma main, me regarde et me dit sur un
ton très sérieux : Vikie tu t'en vas au nursing.
Je le regarde…
Je bafouille un timide ok… Le regard et l'uniforme ont fait leur
effet!
Trois points de suture plus tard, Karl me raccompagne chez
moi, bien amusé par la séance de couture à laquelle il vient d’assister. Merci
à l’infirmière que j’ai réveillée, merci à Karl d’avoir insisté… et d'avoir terminé ma
vaisselle, merci à Nicholas pour son regard convaincant!
Et le retour au Nord me demanderez-vous???
Bordel!
Oups!
Cie!
Que les journées sont remplies! Imaginez : aujourd’hui mardi, 20h30 passé, installée dans mon fauteuil, sans café (mais écoutant la play list de mon ami Éric), je transgresse toutes mes habitudes nordiques en terminant cette Chronique.
Que les journées sont remplies! Imaginez : aujourd’hui mardi, 20h30 passé, installée dans mon fauteuil, sans café (mais écoutant la play list de mon ami Éric), je transgresse toutes mes habitudes nordiques en terminant cette Chronique.
Sport 5 soirs semaine (et pourquoi ne pas faire des squats en
sautant?), travaux universitaires, sortis dans la neige… Mes fins de semaine
sont maintenant trop courtes!
Mais vous savez quoi? Changer de rythme ça fait du bien!
Merci mes amis Karl et Nich. Je commençais à m’enliser dans mes petites
habitudes, ma petite routine et mon petit confort. Vous me rappelez l’énergie
de ma première année ici, avec Sandra et Martyn et ça, ce n’est pas rien!
Peut-être qu’au fond c’est un peu ça la vie, que de se promener d’un état à un
autre, entre le calme et la tempête. Passant de l’un à l’autre en recherchant
une sorte d’équilibre. Quelqu’un n’a pas déjà dit que l’important c’est le
mouvement? Si personne ne l’a dit, alors moi je le dis! Je pourrais même
combiner cette vérité avec celle de M. Ibrahim : « Le secret du
bonheur c’est la lenteur dans le mouvement! » Et vlan!
Prendre le temps, mais ne pas s’arrêter pour autant!
Voilà pour cette chronique combinée décembre et janvier… Si
vous saviez comme je m’en suis voulu de ne pas publier le mois dernier.
Et je terminerai en vous remerciant pour les excellentes
vacances de Noël que j’ai passées au Sud : agréables réveillons de Noëls
et de Jour de l’an, déjeuners, dîners et soupers en très petits comités. Bières
bien dégustées. Je n’ai pas vu beaucoup de monde, mais le temps que j’ai passé
avec chacun de vous a été de qualité…(Quelqu’un d’autre n’a pas déjà dit que
l’important c’est la qualité et pas la quantité? )
Ça me fait penser à mes plans pour l’été qui s’en
vient : le Québec et ses environs! J’ai un début d’idée de cyclotourisme
en tête! Diane, tu as des destinations à me suggérer?