mercredi 30 janvier 2013

Trouver sa place entre le calme et la tempête...







Dehors novembre… ou décembre… je ne me rappelle plus trop…


Samedi midi… je suis assise sur le bout du siège de mon fauteuil préféré. Un coup d’œil dehors, un coup d’œil à l’horloge de mon ordi. Ça fait 30 minutes que je navigue sur le Net à la recherche du temps à perdre… Je ne trouve rien pour capter mon attention, pour faire passer plus rapidement les minutes qui me séparent de notre départ! Samedi midi, le soleil est presque là alors il faut en profiter. Probablement la dernière sortie de Honda aux deux lacs avant le printemps prochain! Je me sens comme un enfant qui attend sa tante qui est toujours en retard le matin de Noël (Françoise, Sophie et Karl vous me comprenez sûrement!)… Les cadeaux sont là devant moi, mais je dois attendre!
C’est là que je me dis… pourquoi ne pas écrire quelques chroniques pour tuer le temps!
(Rassurez-vous, j’ai fait mon travail hebdomadaire d’anglais et je l’ai déposé en ligne)
Donc une image de moi qui attends le temps… Vous savez déjà que je suis assise sur le bout de mon fauteuil. Mais ce que vous ne savez pas c’est que je suis en combine! Une pile de vêtements git à côté de moi, prête à être enfilée le moment venu (moment qui se rapproche heureusement… autant pour moi que pour vous!). Ceux qui me connaissent un peu plus ne seront pas surpris par ma prochaine énumération : une deuxième paire de bas à mettre dans les bottes Sorel, un pantalon de neige, un deuxième polar, un manteau, un autre manteau, ma cagoule, un cache-cou, une tuque à poils et des lunettes fumées… Mais tu n’as pas peur d’avoir froid me direz-vous sarcastiquement? Et bien imaginez-vous donc… alors dans le sac qui attend à côté de la porte…  il y a un thermos de soupe, un de thé, un polar extra et une paire de bas supplémentaire! Je pense que ça va aller…

Bon ça y est… Éveline va arriver dans moins de 5 minutes! Je peux enfin commencer à enfiler ma combinaison de survie de toundra hivernale ;-) Je reviens en fin de journée!


La magie de l’écrit, du temps qui passe sans témoin entre ces lettres, ces mots, ces phrases, ces lignes… Maintenant dimanche soir… de la semaine suivante. Fin de semaine cette fois à payer le prix de ma lubricité de la fin de semaine passée. Deux jours de travaux forcés infligés à grands coups de sorties en 4 roues! Hahahahaha! Les sorties valaient le « sacrifice » des deux derniers jours. Parce qu’après tout, ce n’est pas si pire de faire ce que l’on aurait déjà dû faire depuis quelques jours… En plus, la météo a été de mon bord, poudrerie et ciel gris, ce qui a sans doute aidé à me faire avaler ces deux jours de sédentarités.

Les travaux terminés… pour aujourd’hui… je me « récompense » en m’offrant un moment d’intimité avec vous et mon clavier! Et je me dis : pourquoi ne pas retourner à cette dernière fin de semaine, où je me suis payée pas une, mais deux journées de sorties toundraesques! Samedi aux deux Lacs; dimanche au Richmond Gulf.  J’aime mes voisins d’en haut, car ils sont comme des enfants devant la neige, le plein air, le dehors. Samedi, nous partons avec l’objectif d’aller jusqu’où nous pourrons. Il y a un peu de neige accumulée, sûrement quelques pièges à éviter. Ça nous prend tout de même quelques km avant de devoir pousser les 4 roues! Ma passagère du jour, Éveline, me dit à un moment qu’elle ne pensait pas que faire du Honda pouvait faire faire de l’exercice! Je souris en me rappelant mes sorties du printemps d’avant, avec Bobby, Darlene et Lucassie. Et que dire de la conduite dans la neige! Un réel,  pur et enivrant plaisir pour moi qui aime tant conduire! Mais oui maman je fais attention entre chaque coup d’accélération, car effectivement, un des trucs pour ne pas rester pris dans la neige est d’avancer d’un tour de roue certain vers l’infini et même plus loin encore… Pourvu qu’on ne réveille pas les ours, car Adam ne m’a pas encore montré la technique de chasse à la nalgène!


L’arrivée aux Deux Lacs est toujours aussi majestueuse par la trail des 4 roues. En surplomb, on peut voir du haut des rochers, les deux lacs se dessiner entre les montagnes. Aujourd’hui, les montagnes sont enneigées, les lacs sont gelés. La toundra est recouverte d’une mince couche de neige.  Comme Alain à une passion secrète pour le creusage de trous dans la glace, après une courte pause, nous nous dirigeons au fond de la vallée et les lacs gelés.  Premier arrêt à l’entrée du lac. Un trou, deux trous… La glace est testée. Pourquoi ne pas traverser en 4 roues pour aller taquiner le poisson de l’autre côté?
Aucun poisson attrapé, mais juste un magnifique après-midi de novembre (voilà je viens de trouver à la relecture!!! Oui oui, la relecture est ma résolution 2013!!) passé dehors, au grand air, dans l’immensité de la beauté Nunavikienne(merci Stéfan pour cette découverte).

Le lendemain, tôt le matin, bien prête à me mettre au travail… attablée devant une BD et un café, je reçois l’appelle de ma voisine d’en haut. Sortie prévue au Richmond Gulf. Je bafoue, je tente de refuser, je refuse faiblement et je raccroche, pour reprendre la ligne presque aussitôt : « Oui, Josée? Ben…  je pense que je vais y aller! » « Je le savais! » que me répond ma voisine préférée d’un ton joyeux! Rendez-vous donné, je profite tranquillement de ma matinée en continuant dans la BD et le café.

La route du Richmond Gulf vous l’avez vu plusieurs fois en photo depuis deux ans. Je me suis donc permis de faire le trajet sans sortir l’appareil photo. Parfois ça fait du bien de juste regarder avec des yeux paresseux… et aussi juste pour moi! Ma découverte de la journée, le bon accord de la musique et du VTT! Jean Leloup m’a accompagnée tout au long du trajet, 11 km vous vous rappelez? Quand je me balade à Umiujaq, je suis rarement toute seule donc rarement accompagnée de musique. Expérience à répéter, c’est-à-dire moi, la musique et l’immensité de mon petit coin de pays! Donc, Jean Leloup dans la tête, les caps de roches dans les yeux et le bonheur dans le cœur!

Un parc à Umiujaq… et en Français s’il vous plaît!

Quelque part à la mi-décembre, il y eut la cérémonie d'inauguration du Parc Tursujuq (parc national dans la région) à l'école. Que de protocole dans notre petit village! Dignes représentants du gouvernement, expliquant en français que le parc est pour les Inuit, qu’il aidera à préserver la culture et les traditions... Certains discours sont partiellement traduit en Inuktitut, d'autres non. Celui-là n'a pas été traduit!!! Sérieusement… À part les gens qui ont si savamment discouru dans un français soigné et des plus inaccessible (mais Ô combien Radio-Canadien) et une poignée (comme dans moins de 10) d’autres personnes (non-inuit)… peu de gens a saisi la beauté du geste de notre cher Gouvernement… 


Les amis du Nord.

Dans un tout autre ordre d’idée… Est-ce que je vous ai déjà parlé des policiers? Hummm… sûrement que je les ai mentionnés une ou deux fois. Dernièrement, je réalisais qu’à Umiujaq, les policiers sont toujours des policiers… est-ce que vous comprenez? Comment je pourrais bien expliquer. Déjà qu’ils sont presque tout le temps en service, ils peuvent difficilement socialiser avec le reste de la communauté. Quand ils viennent souper avec nous, ils doivent parfois quitter au milieu de la soirée. Quand leur véhicule reste stationné devant la maison trop longtemps, il y a parfois des roches qui sont lancées à ma fenêtre.

Même si lorsqu’ils arrivent dans une maison c’est parce qu’ils y ont été appelés, ils sont souvent mal perçus par plusieurs personnes de la communauté. C’est quoi à vous votre idée des policiers? Sérieusement? Sans tomber dans la frustration des tickets de vitesse ou de stationnement. C’est quoi votre vision des policiers? (Zut je viens de me rappeler les événements reliés à la grève étudiante du printemps dernier… En fait je ne m’en rappelle pas vraiment, mais je me rappelle que les policiers ont perdu quelques plumes… ). Un peu avant les vacances de Noël, une des policières a du être évacuée vers POV (Puvurnituq) suite à une intervention. Commotion cérébrale sévère. De POV elle est partie vers Mtl… et finalement, elle n’est pas encore revenue…  Je pense qu’elle ne reviendra pas…

Dans l’irrationalité des raisonnements qui arrivent parfois, je me suis surprise à ressentir un sentiment de soulagement en me disant qu’heureusement… heureusement... elle n’avait reçu que quelques coups de poing (bordel quel poing!).  Mais quel genre de réflexion te fais-tu Vikie??? Et bien ici, dans plusieurs maisons, il y a des harpons et des carabines… Quelques coups de poing, en y pensant bien… Ça peut presque ressembler à un soulagement finalement…

Les policiers d’Umiujaq, je les connais moi. Ce sont des personnes comme les autres, avec des rêves, des idéaux, des visions de la vie, des projets, des amis, des familles. En avez-vous vous des préjugés envers les policiers? Moi j’en avais… Eh oui… Mais maintenant, je n’en ai plus… Me pardonnerez-vous M, C, N, K, PO et S?


Fait divers… et cocasse pour certain (K tu te reconnaitras j'espère!)

Ben oui! Il semble que je ne puisse faire une visite au sud sans y arriver un brin maganée! Cette fois cependant, ce ne sont pas des arbustes qui m'ont attaquée, mais plutôt un verre qui m'a cassé dans la main... à minuit... Seule à la maison, pas de pansements... Comme mes trois amis policiers venaient à peine de partir... je les ai appelés pour demander du renfort de diachylon. Deux des trois étant partis sur un appel, le troisième policier, en congé, est venu à la course chez moi! Après constatation des dégâts, Karl (oui oui comme mon frère… avec un K) me dit que je dois aller au nursing... Sceptique, je lui dis que ça va aller, qu'on a juste à mettre quelques gaz sur ma main et à faire quelques tours de tape et que ça ira.
Il insiste…
J'insiste…
Il finit par appeler son collègue et lui dit que s'il travaillait, il m'amènerait au nursing…
En quelques minutes, Nicholas (oui oui avec un h…) arrive chez moi. À noter, il venait de recevoir un coup de pied au visage...
Il regarde ma main, me regarde et me dit sur un ton très sérieux : Vikie tu t'en vas au nursing.
Je le regarde…
Je bafouille un timide ok… Le regard et l'uniforme ont fait leur effet!

Trois points de suture plus tard, Karl me raccompagne chez moi, bien amusé par la séance de couture à laquelle il vient d’assister. Merci à l’infirmière que j’ai réveillée, merci à Karl d’avoir insisté… et d'avoir terminé ma vaisselle, merci à Nicholas pour son regard convaincant!

... 

Et le retour au Nord me demanderez-vous???

Bordel!
Oups!
Cie!
Que les journées sont remplies! Imaginez : aujourd’hui mardi, 20h30 passé, installée dans mon fauteuil, sans café (mais écoutant la play list de mon ami Éric), je transgresse toutes mes habitudes nordiques en terminant cette Chronique.

Sport 5 soirs semaine (et pourquoi ne pas faire des squats en sautant?), travaux universitaires, sortis dans la neige… Mes fins de semaine sont maintenant trop courtes!

Mais vous savez quoi? Changer de rythme ça fait du bien! Merci mes amis Karl et Nich. Je commençais à m’enliser dans mes petites habitudes, ma petite routine et mon petit confort. Vous me rappelez l’énergie de ma première année ici, avec Sandra et Martyn et ça, ce n’est pas rien! Peut-être qu’au fond c’est un peu ça la vie, que de se promener d’un état à un autre, entre le calme et la tempête. Passant de l’un à l’autre en recherchant une sorte d’équilibre. Quelqu’un n’a pas déjà dit que l’important c’est le mouvement? Si personne ne l’a dit, alors moi je le dis! Je pourrais même combiner cette vérité avec celle de M. Ibrahim : « Le secret du bonheur c’est la lenteur dans le mouvement! » Et vlan!

Prendre le temps, mais ne pas s’arrêter pour autant!

Voilà pour cette chronique combinée décembre et janvier… Si vous saviez comme je m’en suis voulu de ne pas publier le mois dernier.

Et je terminerai en vous remerciant pour les excellentes vacances de Noël que j’ai passées au Sud : agréables réveillons de Noëls et de Jour de l’an, déjeuners, dîners et soupers en très petits comités. Bières bien dégustées. Je n’ai pas vu beaucoup de monde, mais le temps que j’ai passé avec chacun de vous a été de qualité…(Quelqu’un d’autre n’a pas déjà dit que l’important c’est la qualité et pas la quantité? )

Ça me fait penser à mes plans pour l’été qui s’en vient : le Québec et ses environs! J’ai un début d’idée de cyclotourisme en tête! Diane, tu as des destinations à me suggérer?