jeudi 21 juin 2012

Ce qu'on ne voit pas à la télé...


8 h 54. Un peu comme un dimanche, je suis installée à mon ordi (mais pas dans mon fauteuil préféré, car mon sans fil a décidé de me lâcher il y a quelques jours), je bois un café, j’écoute Espace Musique et j’écris. Aujourd’hui c’est jeudi pourtant… mais L’ÉCOLE EST FINIE!!!!!! Plusieurs de mes collègues ont pris l’avion hier. Moi j’ai décidé de rester quelques jours de plus afin de relaxer dans mes petites affaires avant de partir à l’aventure pour l’été.

Hier soir, je regardais mes photos des derniers jours et j’ai eu envie de vous montrer une belle réalité. Celle de mon village, celle des certains élèves, celles de certains adultes. J’ai eu envie de vous montrer une réalité qu’on ne montre pas à la télé. Une réalité que j’ai eu la chance d’observer et de partager un peu.

Lundi, nous avons eu une sortie scolaire avec les élèves du secondaire. Ici, quand on fait une sortie, on ne va pas au cinéma, à la Ronde ou à Ottawa. Ici quand on fait une sortie on part littéralement en excursion. Donc, lundi dernier, nous sommes partis à 6 bateaux. Quand je dis bateau, je parle de canots de 24 pieds de long avec des moteurs gigantesques. Nourriture pour la journée, canne à pêche, carabines et réserves d’essence pour aller vers l’infini et même plus loin encore!

Petite parenthèse… parce qu’un message sans parenthèse ne serait pas un « vrai » message…

(Conversation avant départ avec la mère d’une élève:
-       Your are the only teacher who’s going with them? 
-       No, No… Lucassie and Eva are there.
-       I mean… (hésitation) teacher like you…
-       Like me? Oh! You mean non-Inuit teacher?
-       Yes
-       Well… I guess so…
-       Where are the others?
-       Hummm… in school working on the report cards.
-       Blablabla
-       Blablabla

J’ai trouvé cette petite conversation bien sympathique. J’ai surtout bien aimé ne pas me faire appeler Qalunat.)

Donc, lundi l’infini a été pour nous les îles au sud du village. J’appréhendais un peu cette journée complète avec les élèves… à tort. Quelle magnifique journée nous avons passée ensemble! Que de découvertes j’ai faites, que de rires heureux j’ai entendus, que d’initiatives j’ai vues chez ces élèves, qui parfois me semblent inanimés. Je les ai vus dans leur environnement, dans leur élément. Je les ai vus m’intégrer, m’aider, me dire quoi faire. Je les ai vus remplis de fierté.  Je les ai beaucoup observés, mais je sais qu’ils en ont fait tout autant. Des élèves à qui je n’avais jamais parlé m’ont adressé la parole.

Umiujaq c’est aussi ça et je voulais le partager, car c’est important de parler de ce qui est beau aussi.







 




samedi 16 juin 2012

Les uns et les autres...



Coucher de soleil... il doit être 23h00...




Commencer par une parenthèse c’est un peu étrange, mais qui a dit que je ne l’étais pas? Vendredi quelqu’un a justement affirmé que pour venir travailler au Nord, il fallait être un peu « fêlé »… Moi, je préfère le mot « différent ». Puis au fond, venir travailler au Nord n’a rien de si spécial. C’est d’y rester qui fait la différence… Pensez-y…


Donc ouverture de parenthèse…
(Plusieurs fois on m’a demandé si la vie ici est aussi pire que ce que l’on voit dans les médias… à cette question, je ne sais jamais quoi répondre… En réalité, je ne sais pas ce que l’on voit dans les médias… Des fois j’ai envie de dire que c’est pire… ben pas vraiment envie de le dire, mais parfois je pense que c’est pire que ce que l’on montre. Abus, viols, alcoolisme, violence… On parle beaucoup de logement et c’est vrai que c’est terrible de se retrouver à 10 dans une maison avec 3 chambres à coucher. Parents, grands-parents, oncles, enfants… Je pense même qu’elle est là la source de plusieurs problèmes sociaux… mais ça, on ne le dit pas… Alors, peut-être que la vie ici est pire que ce qui est montré dans les médias, mais c’est la vie quand même… Et il y a aussi tout ce qui n'est pas montré dans les médias... Me voilà presque arrivée à la fin de cette deuxième année d’enseignement au Nunavik et  je suis déjà en train de me préparer pour une troisième année. Je me dis que je devrais pouvoir me faire une idée…  Mais je n’y arrive pas encore. Je vous ai déjà dit que je suis une personne qui évolue lentement? Ben en voilà la preuve!
Fermeture de parenthèse…)


Petites histoires du quotidien…

J’ai commencé à boire du café à l’âge de 24 ans… Un employé du Fotoclik Rockland (wow quel retour dans le temps!!!) m’amenait des cafés à tous les jours et trop gênée pour lui dire que je ne buvais pas de café… j’ai commencé à boire ceux-ci… Résultat : aujourd’hui, je suis accro au café… mais chacun d’entre eux me procure un immense plaisir ;-)
Brouillard sur le village
Analogie Nordique qui a un lien, mais peut-être pas tant que ça après tout, mais tout de même…
Mon collègue Paul a une famille que j’adore. 5 ou 6 enfants (je m’y perds parfois je l’avoue). Je travaille avec un des garçons depuis l’année dernière et c’est chaque fois un réel plaisir de passer 45 minutes avec lui. Je joue au hockey avec LA fille de la famille. Il y a aussi A. Maintenant en première année, un regard magnifiquement pétillant, toujours prêt à me sauter dans les bras quand je passe à côté de sa classe, courant vers moi bras ouverts chaque fois que je le croise dans le village. Il est à croquer.
Alors une histoire avec A. Organisant quelques trucs pour la venue des Français, Sandra et moi sommes passées chez Paul pour régler quelques détails. Accueillies chaleureusement, A. , comme à son habitude,  accourt à ma rencontre. Bol de chips en main et morve au nez, il m’offre une croustille que (trop gênée pour refuser… vous comprendrez ici le lien) je n’ai su refuser… Et moi qui n’aime même pas les chips! En mangeant la croustille, mes yeux ont focussé sur le nez dégoulinant de mon petit ami…
Bon, rien ne prouve que ce qui s’est produit par la suite soit directement relié à cette chip, mais je vous dirais tout de même de ne jamais accepter une chip offerte par un petit morveux (compris les neveux???) RTF. Pourquoi? Résultat : deux semaines de rhume intense!!! Je croyais avoir développé tous les anticorps! Ben pas celui-là faut croire! En fait, c’est peut-être le mixte avec la chip qui a créé un virus si puissant!
Épilogue… Il y a deux jours, je suis repassée chez mon collègue Paul à qui j’avais emprunté son 4 roues. En entrant dans la maison, A. court vers moi fidèle à son habitude. Heureusement, il n’a pas de chip à m’offrir! Alors, comme il le fait si souvent à l’école, il se jette dans mes bras. Dans un élan d’affection extrême, il passe ses bras autour de mon cou et… et… me place un gros bec mouillé sur la joue!!!!! HAAAAAAAAAAA! Maintenant, il ne me reste plus qu’à croiser les doigts et à espérer avoir développé les anticorps la dernière fois! Je l’adore ce petit!

Histoires d’école…

Une partie (seulement) de ma réalité…

Le mois de mai est un mois difficile à l’école. Difficile pour les élèves et les enseignants qui sont de plus en plus fatigués. Le soleil se couche de plus en plus tard et les jeunes aussi. Mon corps à moi refuse d’aller dormir tant qu’il y a de la clarté accrochée dans le ciel. J’essaye évidemment de berner mon « sensor » interne en fermant les rideaux et en bloquant la lumière avec des boîtes…  Quand je suis dans mon lit, je peux entendre les jeunes dans la cour d’école. La plupart du temps je m’endors avant leur départ…

Le mois de mai est un mois difficile à l’école… J’ai eu droit à mes premières menaces verbales… Parce que je lui demandais de ne pas parler pendant un minitest, un élève s’est mis en colère… Habituellement, je m’arrange assez bien avec la colère des élèves. Mais étant moi-même fatiguée, je me suis dit qu’il était préférable de demander de l’aide… J’ai donc appuyé sur le bouton de l’intercom pour appeler du renfort… La colère de l’élève s’est alors décuplée… Tout s’est passé plutôt rapidement : Inuktitut, Anglais, quelques coups sur le bureau… et juste au moment où j’entends « I will kill you… I will fight you… » la technicienne en comportement arrive dans le cadre de la porte… Étrangement calme, j’ai demandé à Dora de quitter avec l’élève en question. En passant le cadre de la porte, celui-ci a ajouté… comme si ce n’était pas assez… « Something bad is going to happen to you ». J’ai fermé la porte, les élèves sont restés silencieux et se sont mis à leur mini-test. Ironie du sort, quelques minutes plus tard, une élève me demande ce que veut dire le mot « menace »… Le minitest portait sur les territoires agricoles à risques…

Cet événement s’est produit vers 9h45 le matin. Après la période, j’ai sorti un rapport d’incident en me disant que je le remplirais plus tard dans la journée. Ma matinée étant remplie, je n’y ai ensuite pas vraiment repensé avant le début de l’après-midi…jusqu’à ce qu’un autre élève « m’agresse » verbalement… Cours de photographie, nous sommes dans le lab informatique, je demande à I. de choisir un ordinateur pour travailler et… venant de nulle part, j’ai droit à un colérique… « Fucking stupid teacher ». En deux secondes, l’image de l’épisode du matin me revient et ma limite est aussitôt atteinte. Cette fois je n’envisage même pas le bouton de l’intercom (en fait je ne suis même pas certaine qu’il y en ai un dans le lab info…). Je me dirige vers la porte de la classe, prête à aller chercher un collègue et je tombe sur le directeur. Je rapporte l’événement qui vient de se produire et je glisse un mot sur celui du matin. Je ne sais pas ce que Nicolas a vu dans mon regard, mais il a aussitôt pris l’élève en charge. Ils ont quitté le local et sont revenus quelques minutes plus tard. I. s’est excusé, je n’ai pas su quoi répondre, j’ai regardé Nicolas, il m’a rassuré en me disant qu’il repartait avec l’élève. J’imagine qu’il a compris que ma limite d’agressivité était atteinte pour la journée… 


Même si je ne me suis pas réellement sentie en danger suite aux menaces de mort (n’ayons pas peur des mots) du matin, j’ai réalisé après coup que ça m’avait ébranlé… Déjà, les mots sont assez puissants en eux-mêmes, mais… comment dire… j’aurais aimé que ce soit un autre élève que B. qui profane de telles menaces. Égoïstement, c’est un peu comme si je m’étais sentie trahi par ce jeune que je soutiens depuis l’année dernière. B. pour qui j’ai tellement travaillé pour le passeport. B. que nous avons encouragé à rester dans le projet France. B qui est parti en ambulance à Montréal. B. qui a passé une nuit chez ma mère. B. qui nous a passé un sac plein d’alcool sous le nez à la danse de l’école. Et maintenant… B. qui me lance des menaces en pleine classe. Égoïstement, j’aurais aimé qu’il comprenne que je suis une alliée pour lui… 
B. est venu s’excuser à la fin de cette journée. Je l’ai écouté, je lui ai dit que la prochaine fois qu’il était en colère, il pouvait le dire tout simplement plutôt que de me menacer… Est-ce que j’aurais dû porter plainte à la police? Est-ce que B. aurait dû être suspendu? Est-ce que l’une ou l’autre de ces mesures aurait eu un effet positif sur B? Je ne sais pas trop… Mais je pense que des mesures auraient dû être prises…
Aujourd’hui, B. ne se présente plus vraiment à mes cours de géographie et je le vois très rarement à l’école… Je signale chacune de ses absences… 


Ciel orageux

Histoires d’école…

Une autre partie (heureusement) de ma réalité …

Depuis la venue des Français à Umiujaq, lorsque je passe devant la classe de maternelle, certains petits bouts de choux me lancent des « Bonjours! Comment ça va? ». Lorsque je réponds et que je retourne la question en français, j’ai chaque fois droit à des éclats de rire incroyables aux pouvoirs guérisseurs. Vous vous rappelez, lors de mes coups de cafard de l’an passé? Je n’avais qu’à passer dans le couloir de maternelle pour les estomper. Cette année, tout ça n’a pas changé. Les quelques rares fois où je finis ma journée d’école avec un doute, je me dépêche d’aller dire au revoir à ces tout-petits… et mon doute disparaît chaque fois.

Les élèves de photographie
Les élèves de Shannon… Shannon enseigne aux 5e et 6e année au secteur anglophone. Elle a été absente une partie de l’année. Les élèves se sont retrouvés sans enseignant pour quelques semaines avant que des collègues prennent la relève. Pas d’enseignant = pas d’école pour les enfants. Shannon a un gros groupe (plus de 15 élèves si je ne me trompe). Je travaille en orthopédagogie avec 8 de ces élèves. Pendant les semaines de « congé » forcé, presque tous ces élèves sont venus faire leurs périodes avec moi! J. (le fils de Paul), A. , C. (ma plus fidèle élève qui choisit même de venir avec moi plutôt que d’aller jouer au soccer à la dernière période du vendredi…), J. (qui a toujours plein d’histoires à me raconter) et ma dyade préférée (parce que peu importe ce que l’on dira… il y aura toujours des élèves avec qui ça cliquera plus qu’avec d’autres)… D et J.
D et J ont accumulé de grosses difficultés scolaires. En 5e année l’an passé (et encore cette année), aucun des deux ne pouvait lire… Cette année, à force de persévérance et de volonté de leur part… ils peuvent maintenant lire et écrire. Ils sont tellement fiers d’eux… et je lui suis! Nous formons un trio d’enfer! Cette année, l’image de ces deux incroyables élèves que j’amènerai avec moi en vacance, c’est les deux périodes que nous avons passées à travailler sur le parvis avant de l’école. Croyez-le ou non, il y a eu une canicule à Umi la semaine dernière. Plus de 23 degrés au thermomètre… pas de fenêtre dans ma petite classe et une chaleur « accablante ». En moins de deux minutes, J. me fait remarquer qu’il n’y a pas de fenêtre dans notre classe… D. ajoute qu’il a chaud. Je vois la sueur perler sur le front de mes petits élèves… Silence, regards complices… et je suggère une classe à l’extérieur! Sourires aux lèvres et yeux pétillants, D et J se lèvent prêt à partir! Je décide de les calmer avec notre habituelle séance de yoga express (30 secondes de respirations profondes… rien de plus, mais ça fonctionne à chaque fois lorsque l’excitation devient trop intense!). « L’attention » est de retour et je donne mes consignes.  J’aurais aimé pouvoir nous voir… tous trois assis devant la porte de l’école, papier et crayon en main.






Retour dans le temps, histoires de printemps, de Richmond Gulf et nouveau sens au mot  workout!!!!

Parce qu’il est plus que temps de le voir et de le vivre enfin!!!! Mais ciel qu’il se fait attendre, surtout avec cette neige qui est tombée il y a quelques jours sous la forme d’un presque blizzard!!! Il est difficile de garder le sourire après le réveil lorsque je passe la tête derrière les rideaux (et les boîtes de carton) pour apercevoir de la neige au sol par un 26 mai!!! Mais bon, on en profite comme on peut… en allant camper, même s’il y a apparence  et prédiction de pluie, même s’il fait sous zéro la nuit.
Nous en profitons aussi en partant vers le Richmond Gulf en Honda…
Le printemps à Umiujaq c’est vraiment un entre deux saisons. La Baie est encore gelée et les motoneiges s’aventurent encore sur la glace pendant que les Honda envahissent les rues du village. L’accès au Richmond Gulf est difficile : impossible d’y aller en skidoo… difficile (mais pas impossible selon Lucassie et Darlene… si vous êtes prêts à vous mouiller et à pousser les machines pour traverser les congères de neige) d’y aller en Honda… 


C’était un dimanche, après un pique-nique communautaire. Temps incroyable (13 degrés) et soleil. Nous sommes partis à 2 Honda. Sentiment de liberté et cheveux au vent jusqu’à Umiujaluk… La température passe du chaud au froid, dépendamment d’où vient le vent. Il y a encore beaucoup de neige autour de nous… et parfois devant nous! Lucassie est heureux comme un petit enfant lorsque pour la première fois Darlene et lui reste pris dans un passage enneigé.  Mise en marche arrière, prise de distance face à la surface enneigée à dépasser, quelques coups de gaz, signal de départ de Darlene et Lucassie part à toute vitesse vers la neige! À la moitié du passage et après quelques dérapages, Lucassie et son Honda s’arrêtent finalement… Ô quelle surprise… bloqués par la neige molle et épaisse. Bobby, Darlene et moi courrons vers lui et en moins de quelques secondes de poussage voilà Lucassie et son Honda de l’autre côté du passage enneigé. Bobby et moi on ne veut pas rester derrière évidemment et… Ô quelle surprise… l’à peu près exact même scénario se produit… et se reproduit… et se reproduit… et se reproduit… jusqu’à ce que finalement le passage enneigé ait raison de nous et nous décide à faire demi-tour. C’est rempli de fierté et de muscles endoloris d’avoir « ouvert » la route si loin en Honda, que nous revenons finalement au village.


Pour ajouter un peu à notre entrainement… et sûrement parce que nous sommes sans doute un peu orgueilleux… et aussi parce qu’il faut bien s’amuser comme on peut… nous avons eu la drôle d’idée de répéter notre expérience de défricheurs des neiges… mais cette fois avec un gros camion 4x4… Gros camion comme dans très pesant genre F150 avec une boîte. Saviez-vous qu’un Honda c’est très très très facile à pousser dans la neige molle et épaisse? Comparer à un gros camion 4x4 en tout cas ce l’est vraiment!  Le poussage s’est heureusement fait (difficilement je vous laisse imaginer)  en marche arrière, mais ça nous a permis de confirmer Darlene. Bobby, Angela et moi que nous avons une persévérance d’enfer face à l’adversité… et la pression des ours qui se réveillent…


LE camion 4 x 4









Puis finalement, quand la neige fond elle laisse de grandes mares d’eau… Quoi que mare n’est peut-être pas le mot juste… Laissez-moi vous raconter ma dernière virée sur la route du Richmond Gulf.
Apprendre par l’expérience est pour moi la meilleure des manières… Du moins, jusqu’à tout dernièrement, c’est ce que je croyais fermement…  Maintenant… je pense qu’il y a peut-être quelques circonstances qui ne se prêtent pas à cette croyance… Comme quand on est à 11 km du village, seuls (2 sur un Honda), qu’il est passé 21h et que les ours sont définitivement réveillés… Et même si ce n’est pas du tout ma devise, Je pense maintenant aussi qu’il faut TOUJOURS suivre le sentier qui semble le plus fréquenté (en Honda maintenant ce le sera)!
20h : Bobby m’appelle. Angela ne veut pas aller faire un tour de Honda et Bobby m’offre de l’accompagner pour un café à Umiujaluk question de sortir du village.
20h15 : Bobby me ramasse devant chez moi.
20h25 : Nous croisons Darlene et Shannon sur la route du Richmond Gulf. Darlene nous conseille d’aller jusqu’au Gulf car nous risquons d’y voir des bélugas. Elles sont en camion et ne peuvent se rendre jusqu’en bas…
20h27 : Bobby et moi décidons de nous rendre jusqu’en bas (même s’il fait un peu froid et qu’il est un peu tard pour aller jusque-là).
20h32 : Bobby ralenti à côté de Umiujaluk pour confirmer notre décision. Nous continuons.
20h47 : Nous arrivons au bord du golfe… Nous prenons un café en attendant les bélugas… La lumière est magnifique, je prends quelques photos.
21h02: Pas de bélugas, plus de café et le soleil qui se rapproche du sommet des petites montagnes qui nous entourent. Nous remontons sur le Honda et amorçons le retour. Juste avant de partir, Bobby dit en souriant qu’il espère que nous nous rendrons au village sans trop de problèmes… C’est la première fois que nous partons sans escorte…
21h05 : Bobby arrête devant un Y. Nous sommes arrivés par la voie de gauche… Bobby suggère d’essayer le sentier de droite. Je souligne timidement que le sentier de gauche a fonctionné à l’aller, mais moi aussi j’ai envie d’essayer un nouveau sentier…
21h06 : on arrive devant une mare d’eau… qui ne semble pas si imposante que ça parce que pas très large… Pause de quelques secondes… Quelques questionnements… On amorce le passage et je dis en riant à Bobby que si on reste pris je débarque pour pousser comme d’habitude…
21h07 : Assis sur le Honda… nous avons de l’eau jusqu’aux genoux… et nous nous arrêtons…
Vikie : je pense que c’est le temps que je débarque pour pousser… hihihi (vous savez que je ris tout le temps quand ce n’est pas le temps).
Bobby : oui
21h07 : De l’eau presque jusqu’à la taille… je pousse avec Bobby et nous sortons le Honda de la marre…
21h07 : silence… faite que le Honda redémarre… Bobby et moi savons que nous sommes à 11 km du village, nous l’avons calculé à l’aller…
21h08 : le Honda redémarre… pendant que je cherche le meilleur passage pour regagner la piste de gauche, je balaye notre environnement du regard à la recherche d’ours. Je trouve un passage (parce que pas question de repasser par la marre) et je ne vois pas d’ours.
21h11 : nous revoilà sur la bonne voie… Le Honda tourne toujours… mais n’avance pas vraiment si on s’assoit dessus… Le moteur étouffe s’il force trop ou si nous tentons de prendre de la « vitesse ».
21h12 : Bobby et moi débarquons de Honda. Je sais maintenant que je peux marcher à une vitesse de 7km heure et qu’après ça, je commence à trottiner et qu’à 9 km heure je dois définitivement courir!!! Pousse pousse pousse le Honda!!!
21h15 : Je réalise que je ne suis vraiment pas en forme…
21h19 : J’aperçois ce qui me semble être des traces des pas d’ours sur le côté de la route… Je ne le dis pas à Bobby.
21h19 : Petit regain d’énergie (je ne sais pas pourquoi?).
21h20 : … et moi qui ne peux m’empêcher de rire… Je regarde la grosse côte qu’il y a devant nous et je sais que la montée sera pénible si nous devons pousser le Honda. Lorsque je vais en vélo au Richmond Gulf au printemps, je n’arrive pas à remonter la côte en pédalant. Je dois pousser mon vélo jusqu’en haut et je trouve ça difficile…  Je me rassure en me disant que Darlene et Lucassie (notre Power Ranger) doivent être à la veille de venir nous secourir…
21h29 : je ne cours plus assez vite pour suivre le Honda et Bobby qui vont à 10km/heure… Bobby ralentit et me fait monter.
21h30 : Bobby pousse le Honda en courant, moi assise dessus je change les vitesses avec mon pied. Un flash de l’Inde me vient à l’esprit. Alex et moi sommes assises à l’arrière d’un vélo rickshaw et nous nous sentons si mal pour l’homme âgé qui nous tire…
À la recherche des bélugas
21h33 : Nous allons de plus en plus vite, une petite descente approche juste avant la grande côte à monter, Bobby saute sur Honda, je cesse de rire, nous ne parlons pas, mais nous croisons les doigts.
21h35 : nous amorçons la pente…
21h41: La pente est passée!!!! Nous sommes sauvés et à portée raisonnable de marche du village le cas échéant…
21h58 : je mets finalement le pied (bouetteux et mouillé) chez moi.
Au final… vous le savez bien que j’ai eu un plaisir fou dans toute cette histoire qu’il me tardait de vous raconter… Tout s’est bien terminé, le Honda fonctionne bien de nouveau et Bobby et moi avons pris une bonne leçon…



Et cette année scolaire qui tire définitivement à sa fin. Il ne reste plus que trois jours d’activités à l’école. La « Prom Night » est passée. Les jeunes étaient beaux à voir. 8 gradués cette année! Une de mes élèves de photo est sur le podium. Elle est belle et j’espère qu’elle est fière… Moi je suis fière d’elle en tout cas. Bravo Dora!

Je vais quitter mon village un peu inquiète. J’espère revenir dans un environnement pas trop bouleversé pour ma troisième année.

Je vous souhaite à tous un bon été. Soyez prudent et profitez de la vie, mais n’oubliez pas aussi que « le secret du bonheur c’est la lenteur ». Regardez autour de vous, observez les détails et ayez des projets fous.

Je vous reviens inévitablement en août, avec des images de l’Islande et de Berlin!

En attendant voici quelques images en vrac
Sortie scolaire
Pas facile de marcher dans la toudra!
Mes voisins d'en haut!
Un autre ami qui part!