mardi 5 mars 2013

Aux limites de ma réalité... il y a parfois l'absurdité et d'autres fois il y a la beauté...


Réflexion…

 
Quelqu’un a déjà dit : « Si tu fais le mal, fais-le bien. » Je l’ai moi-même souvent dit et parfois même appliqué avec beaucoup de rigueur…
Le bien et le mal… L’acceptable et l’inacceptable… Concepts aux frontières parfois un peu floues… Que pense l’enfant soldat du bien, installé à la frontière de son pays, arme à la main? Qu’est-ce qui est acceptable pour lui?
Le bien et le mal… Au fond, peu importe si nos actions se situent dans l’une ou l’autre des catégories, les conséquences de celles-ci seront les mêmes je crois. Quand je pose une action, je pense généralement que je fais le bien. Mais est-ce que je fais vraiment généralement le bien? Qu’en pensent les gens qui m’entourent? Question de point de vue? Question de culture? Question d’expériences?

 

Point de presse…

Dimanche 3 mars. Jacques Brel, café et internet. Mes amis Karl et Nicholas viennent déjeuner aujourd’hui. C’est un peu devenu une habitude de fin de semaine pour le trio infernal que nous sommes. Nos déjeuners durent généralement 3 ou 4 heures. Ce n’est pas comme si nous avions des tonnes de nouvelles à nous raconter depuis la veille, mais nous avons trouvé une sorte de zone de confort dans laquelle nous pouvons réinventer la vie, le monde, le Nunavik… Dimanche 3 mars. Jacques Brel, café et internet. Comme nous ne fixons jamais d’heure, je me mets en ligne sur facebook pour voir si l’un ou l’autre de mes policiers préférés est déjà levé. Karl est là… Nich est là… Sur leur photo de profil, je vois une boucle noire avec le logo du KRPF (Kativik Regional Police Force). Un policier de Kuujjuaq a perdu la vie hier soir et un autre est blessé. Appel pour violence conjugale… Ces deux policiers n’ont pas eu la même chance que mon amie Megan…

-Extrait de la publication du mois de janvier-

« Dans l’irrationalité des raisonnements qui arrivent parfois, je me suis surprise à ressentir un sentiment de soulagement en me disant qu’heureusement… elle [Megan] n’avait reçu que quelques coups de poing (bordel quel poing!).  Mais quel genre de réflexion te fais-tu Vikie??? Et bien ici, dans plusieurs maisons, il y a des harpons et des carabines… Quelques coups de poing, en y pensant bien… Ça peut presque ressembler à un soulagement finalement… »

Je ne connais pas ces deux policiers de Kuujjuaq… Mais je sais qu’un des deux est décédé, que sa famille et ses amis ne pourront jamais plus profiter de sa présence… Je sais que l ‘autre restera marqué par cette intervention qui aura coûté la vie à son partenaire…
Coûter la vie…
Mais elle a quel prix au fait la vie? Pour vous? Pour moi? Pour le KRPF? Pour le système de justice? Est-ce que c’est juste, justement de mourir en faisant son travail? Même si notre travail c’est d’être policier? Est-ce que mourir devrait être un risque du métier?

Je ne connais pas ces deux policiers de Kuujjuaq… mais je connais les trois policiers d’Umiujaq…  Je vous offre humblement tout mon soutien, toutes mes condoléances et toute ma gratitude. Merci d’être ici, d’avoir croisé ma vie, de m’avoir permis de faire tomber quelques-uns de mes préjugés.

Aujourd’hui cependant, j’ai comme une sorte de souhait inavoué, soit celui de vous voir tous partir d’ici, pour un ailleurs peut-être pas meilleur, mais pour un ailleurs où le ratio arme à feu / habitant est un peu moins élevé…  Je vous veux comme amis longtemps. Mais en même temps, je veux aussi que vous continuiez à être policiers, car du haut de mon ignorance, je sens que vous faites le bien, bien…

Ce soir mes pensées se perdent dans l’irréalité… Et j’imagine le pire... Je me demande si ça fait vraiment du sens… Un appel arrive sur la radio… Deux policiers y répondent… Appel de détresse… parce qu’on se le rappelle bordel… les policiers n’interviennent pas comme ça chez les gens… Un appel arrive sur la radio… Deux policiers y répondent… S.D. perd la vie…

Et si vous partez demain amis policiers, même si je vous regarde partir avec le soulagement dans l’âme et le bonheur dans le cœur, dites-moi comment je regarderai vos remplaçants arriver?


Dans un tout autre ordre d’idée et parce que le Nunavik c’est encore et toujours de belles images en vrac…


27 février à Umiujaq…

Le 27 février est une journée bien spéciale pour un résident du village. Et, bien au-delà de la journée qui est spéciale, le résident lui-même doit bien avoir un petit je ne sais quoi, car pas moins de 15 personnes se sont déplacées pour aller le visiter.
Le 27 février est donc un soir de fête à Umi. Oui oui! Richard Parker, mon mari, fête son anniversaire aujourd’hui! Jeune homme fringant, doux, roux, grand, musclé, indépendant, avec juste assez de mordant. Le mari parfait je vous le dis!
Oups, mais c’est vrai… Vous ne saviez peut-être pas que l’an dernier je m’étais marié??%$#%???? Mais oui, vous savez… Juste avant mes vacances à La Havane… Rappelez-vous : Richard Parker, mon mari, jeune, musclé, fort et amateur de golf! Visitant les terrains pendant que moi je me baladais dans les rues de la capitale! Est-ce que j’avais oublié de vous partager cet épisode de ma vie???

-       « Vikie Brabant, acceptez-vous de prendre Richard Parker pour époux? »
-       «  Oui je le veux.»
-       « Richard Parker, acceptez-vous de prendre Vikie Brabant pour épouse? »
-      
-       « Richard Parker… M. Parker??? »
-       … « Miaou je le veux! » 

Bon d’accord, j’explique un peu! Avant de partir seule en vacances l’an dernier, Angela, la mère de Richard Parker (ben pas la mère biologique là, la mère adoptive) m’a suggéré de porter une bague de mariage pour mon séjour à La Havane. En plus de la bague, elle m’a suggéré de me préparer à répondre aux questions personnelles du genre : êtes-vous marié, comment s’appelle votre mari, qu’est-ce qu’il fait dans la vie? Angela et moi avons donc passé la soirée à élaborer un scénario de vie fictive pour moi, dans lequel nous m’avons marié à Richard Parker, le chat de la maison!

Mais le plus drôle dans tout ça, c’est que par un mercredi soir, 15 personnes d’Umiujaq se soient réunies pour fêter la fête d’un chat. Cadeaux, gâteau et jeux! Sans doute avions-nous simplement besoin de cette porte de sortie irrationnelle.


Jeudi dernier…

 18h45, Angela m'appelle pour me dire que les aurores sont dehors. Étonnée et vaguement incrédule, je dois l’avouer (le soleil n'est même pas encore tout à fait couché), je m'habille en vitesse avec un doute en tête. Peut-être que mes amis nordiques ont fait un pari et se demandent jusqu'à quel point mon envie de la photo ultime repoussera les limites de ma naïveté... Tout en m'habillant (comme dans mettre des vêtements de neige et non comme dans je suis toute nue chez moi à 18h45, quoi que dans le fond ça ne vous regarde pas...), j'accroche le téléphone et passe le message à Karl. Avec la même incrédulité que moi, il me partage toute sa réflexion (que j'écoute à peine question de continuer dans les confidences… pardon Karl) et je finis par lui dire : «  Tu fais ce que tu veux, mais moi je sors et je serai sur la plage enneigée à quelques pas de chez moi! »

Une nouvelle première nordique pour moi !!! Aurores sur coucher de soleil ! Je suis vraiment excitée quand je réalise qu’il n’y a aucun coup monté ! À peine le pied dehors, j’aperçois les aurores dans le ciel. Les jambes à mon cou et le trépied sous le bras, je cours, je cours, je cours ! WOUAWE !

Karl arrive pas longtemps après moi. Dans l’énervement du coup de téléphone, je réalise que je n’avais pas pris le temps d’écouter sa réponse finale et de dire au revoir… Il s’installe à côté de moi, nous échangeons quelques informations : vitesse, ouverture, iso… Angela nous rejoint et quelques photos plus tard, nous voilà dans le pick-up policier, en route vers le dépotoir.

Heureusement que le ciel nous offre un spectacle impressionnant… Karl arrête notre trajet juste après le premier tournant. Pas le choix d’arrêter si on ne veut pas manquer le meilleur… En débarquant, je remarque que nous sommes exactement au même endroit que lors de ma dernière expédition aux aurores en solitaire avec mon Honda « défectueux » (que j’avais poussé pour revenir vous vous rappelez ?). Coup d’œil circulaire. Karl d’un côté de la route, moi de l’autre. Angela couchée au milieu. On n’en revient juste pas ! Regarde là ! Puis là ! As-tu vu ça ?

 
Entre deux déclenchements d’appareils photo et quelques exclamations redondantes, le son de la radio de Karl s’occupe de nous ramener à la réalité ! Une voix paniquée se fait entendre, Karl plie trépied, nous dit de monter. Court silence. Angela et moi on se regarde. Nous allons rentrer à pied.

Nous avons fait quelques photos de plus, dans un demi-silence, avec un peu de retenue dans notre extase auroresque. J’ai reconnu la voix à la radio. Angela et moi n’osons pas trop commenter. On se concentre finalement sur le ciel vert et presque violet.

...

Je réalise que je suis un peu comme une enfant gâtée de la Vie! Jeudi, quand je suis sortie faire des photos des aurores boréales avec Angela, elle et moi avons trouvé le moyen de nous plaindre du fait que notre ciel manquait d'aurores cette année! Nous avons même poussé l'audace jusqu'à affirmer que ça faisait du bien d'être enfin sous un ciel lumineux dansant! 

La perspective… Toujours faire preuve de perspective !


Il y a quelques semaines…

Première visite perso à Umi pour moi! Quoi que je dis perso, mais en même temps je pourrais peut-être dire visite circonstancielle! Frédéric (ami tout droit sorti du secondaire et retrouvé via Facebook) et Étienne (fils le plus âgé de Frédéric) débarquent dans mon petit paradis pour 3 jours! QUOI???? POUR TROIS JOURS SEULEMENT????? Il est riche où quoi ton ami Fred?
MeeeeeeeeeeeNNNNONNNNNNNNNNNN!
Fred travaille à PET. Une semaine de congé pour lui, une invitation de ma part et un bon deal sur des billets d’avion à cause de son emploi. Plusieurs d’entre vous connaissent ma facilité à vous suggérer régulièrement de venir me visiter. Je n’arrête pas de lancer des invitations à gauche et à droite depuis près de trois ans maintenant! Eh bien, je  le savais que ça allait marcher un jour!


Donc Fred et Étienne au Nunavik! Un pur plaisir que de partager mon univers. Ils ont été trop chanceux côté température! Je me rappellerai longtemps de notre expédition en skidoo à travers les deux lacs, jusqu’au Richmond Gulf avec un arrêt à la cabine d’Alain et Josée mes voisins préférés. Frédéric, Étienne, Éveline, Adam, Lucassie, Darlene, Angela, Marie-Lisa, Olivier, Josée et Alain… Alain… MERCI!






Et puis pourquoi pas un Igloo?

Parce qu’après avoir construit un Inuksuk géant en neige (qui n’a pas tenu le coup), la suite logique nous amenait tout droit vers l’igloo (et aussi parce qu’on s’ennuyait peut-être beaucoup de Nich). Le périple architectural commence donc par un message de Karl (ben oui encore Karl).
-       Vikie, si on construisait un Igloo demain?
-       Heuuu… C’est que j’ai des travaux à faire moi!
-       Mais Vikie, on pourrait commencer dans l’après-midi.
-       HHHHeuuuuuu… Ok, mais je devrai faire des travaux dimanche matin aussi si je vais jouer dehors samedi après-midi… ce qui veux dire qu’on ne déjeunera pas ensemble ce weekend…
-       Vikie, voilà ce que je te propose : on fait l’igloo samedi et dimanche après-midi, tu fais tes travaux les matins et dimanche soir tu viens souper chez moi et tu continues tes travaux pendant que je fais à manger!
-       Heuuuu…. DAC! Mais ça se construit comment un igloo Karl?
-       Pas de blème, je t’envoie la marche à suivre que j’ai trouvée sur le net!


C’est donc armés de pelles, de scies et de la marche à suivre trouvée sur internet que nous commençons notre construction! Je vous épargne les détails, car il se fait tard mes chanceux… Mais disons qu’en plus d’apprendre à construire un Igloo, j’ai appris :
1.     qu’il est préférable de toujours valider les instructions visuelles par une lecture du texte en petit caractère qui les accompagne…
2.     que même si un trou n’est pas très gros… il peut être très profond et qu'on peut tomber longtemps dedans…
3.     qu’il est mieux de terminer la construction d’un Igloo avant l’arrivée du blizzard…





En images…

Ski et sauts sur la Baie et aux îles en solitaire, mais avec la musique d’Éric dans les oreilles!





Je terminerai avec une pensée spéciale pour mes voisins préférés… et pourquoi pas pour chacun de vous après tout... 

Prenez soin les uns des autres. Je vous envoie plein de câlins parce que les câlins ça fait du bien! 




Plus de photos : http://vikieaununavikeetailleurs.shutterfly.com/pictures