lundi 27 février 2012

Il me semble...


Images en vrac dac?

Hummmm.... -35 degrés
Moment de détente sur la rivière
L'équipe des Butterfly
Tout le monde est sur la glace... sauf moi ;-(



Qu'est-ce qu'on ferait sans lui hein Bob?






Image 1

Samedi matin et j’ai l’impression que c’est mon premier samedi à Umiujaq depuis le mois de septembre! Je n’entends plus le résonnement de mon remords pendant que je lis ma BD. Je regarde l’heure sans trop de souci. Avez-vous déjà remarqué comment le temps passe lentement quand on a rien de précis à faire? Mais en fait, ce n’est pas vrai que je n’ai rien de précis à faire en ce samedi de pur congé… Une petite rando raquettes-photo est prévue pour le début de l’après-midi et je compte bien inviter quelques amis pour une soirée poker ;-) Le soleil est là, il me réchauffe les orteils et me sourit indéniablement. Je lui souris en retour sans éprouver ce sentiment de frustration qui m’a habité pendant les derniers mois! Donc, rayons de soleil et en plus, température parfaite. Il ne fait que -15. Un café, quelques pages de BD. Un café, quelques minutes de socialisation virtuelle. Un café et il est déjà temps de me préparer. Je commence à m’activer tranquillement en appréciant une fois de plus le fait de vivre dans un si petit endroit. Le rendez-vous est à midi, devant chez Angela. Je peux donc partir d’ici à 11h58 et je serai pile à l’heure! Toutes ces minutes de vie que j’ai du gagner depuis que je suis ici!!!!  11h45, je m’active un peu plus vite tout de même, car j’ai vraiment hâte de marcher sur la neige avec mes nouvelles raquettes jaune moutarde.
Est-ce que je vous ai déjà expliqué de quelle manière est disposé mon appart? Hummm… il faudrait bien que je prenne quelques photos ;-) En attendant, je vous laisse imaginer un carré. Facile non? Alors, un carré, au milieu duquel il y a comme un ilot. Pas plus compliqué. Alors peut-être que vous pouvez imaginer que dans ce carré, il est facile de tourner en rond… Hahaha! Mais c’est vrai… je tourne souvent autour de cet ilot central qui relie salle de bain, salon, chambres. Alors je m’active donc plus rapidement et je passe de ma chambre (sous vêtements), à mon autre chambre (vêtements de sport), à la salle de bain(…),  à la cuisine (bière), au salon (prépa du sac à dos… ne pas oublier les vêtements supplémentaires au cas…tu vois Sophie je ne change pas…)
pour revenir à la salle de bain (m’habiller).
Disons que le dernier voyage du salon à la salle de bain s’est fait avec un peu moins d’entrain… un peu pliée en deux avec presque les larmes aux yeux! Il faut croire que mon chandail supplémentaire en polaire était vraiment de trop… Je le sentais bien que mon dos était fragile, mais LÀ!!!! Un simple lancer de chandail!!! Ce que j’ai senti dans le bas de mon dos je suis certaine que ça ressemblait à une surcharge acuponturale. Ou à une séance d’acuponcture avec des aiguilles à tricoter!
Sans trop y penser, je me suis habillée… les larmes aux yeux et la colère remplaçant doucement le bonheur dans mon coeur! Ma première journée de vrai congé depuis le mois de septembre…  Au diable les maux de dos! Bottes, manteau et sac au dos, je me suis dirigée, un peu pliée, lentement mais sûrement, jusqu’à chez Angela! Et… nous sommes allées raquetter sur la rivière! Outch, Ouille, F$#%, C#$%@#, hihi! Après quelques pas, la douleur bien engourdie, j’ai pu enfin (et Angela aussi), apprécier le plaisir de la promenade. Nous sommes parties sur les traces des renards, des corbeaux (oui oui, ils laissent des traces dans la neige), des souris et des glaçons impressionnants. Le soleil parfait! La température parfaite! Les raquettes parfaites! La neige parfaite! La bière parfaite! La journée parfaite quoi! Quelques photos plus tard, nous sommes revenues en ville le sourire aux lèvres et le mal au dos (pour moi). Au revoir et à plus tard… pour la soirée de poker!
Houlala qu’ils ont bien ri de moi mes amis en me voyant pliée en deux! Ma pauvre condition n’aura malheureusement pas suffi à attirer leur clémence et c’est plus pauvre de 4$ que j’ai terminé ma soirée. Mais au change, j’ai gagné le prêt d’un sac magique (vraiment magique… merci Ann-Nathalie!). Je vous laisse maintenant imaginer mon dimanche. Installée au salon à dresser des itinéraires mentaux entre mon fauteuil bleu, la cuisine et la salle de bain… Comment faire pour optimiser les pas? Faire couler le café et prendre mon petit toast en même temps, accrocher un mouchoir au passage et le bol de yaourt. Boire le café lentement… pour éviter les déplacements à la cafetière… Boire moins de café pour éviter les déplacements à la salle de bain! Et surtout, surtout, ne pas oublier les DVD de WEED dans la bibliothèque et le fil de recharge de mon ordi dans le fauteuil d’en face (qui me semble à des km).

Interlude sonore
Citation Umiujaqienne
« You’re not old… you’re new! » Voilà ce que dit une de mes élèves de 3e année! Merci A.

Image 2

Ou je devrais dire imageS d’eux! Rachel, Moyo et le cirque qui débarquent en ville pour deux semaines. C’est la troisième fois que je vois Rachel depuis que je vis à Umiujaq. Les liens se créent rapidement ici, car en fait c’est les gens qui deviennent intéressants dans toute cette « tranquillité » nordique. J’adore le concept des gens qui passent… et repassent… À Umiujaq, il y a toujours quelqu’un de passage. Bien sûr, chaque départ laisse une sorte de vide, mais chaque arrivée amène aussi sa nouveauté. J’adore le concept des gens qui passent… et repassent. J’ai l’impression que je me construis de chacune de ces brèves, mais Ô combien enrichissantes rencontres. Rachel, Geneviève, Denis, Moyo, Catherine et … Sandra et mes amis Français bientôt! Ici, on voyage en faisant du surplace! Bon… ça n’empêche pas de rêver d’ailleurs, mais ça fait tout de même patienter jusqu’aux prochaines aventures lointaines.
Parce que des aventures locales, il y en a inévitablement lorsque le cirque est en ville! Laissez-moi vous raconter…

14 février… Un mardi je crois. Clouée à la maison à cause de mon histoire de dos douloureux, je me coule une petite soirée très tranquille à je ne sais plus trop faire quoi. 21h00, 22h00, 22h15… je me dirige vers mon lit afin d’attaquer la lecture de mon roman policier islandais (bordel que c’est pas facile de retenir les noms des personnages de ce roman nordique!!!). Épuisée rapidement par mes tentatives de décodages islandais, j’abandonne ma lecture pour me laisser sombrer dans le sommeil. Habituellement, lorsque je ferme mon livre, moins de deux minutes suffisent à me guider vers les bras de Morphée. 2 minutes plus tard, je suis toujours éveillée… 10 minutes plus tard, je ne dors toujours pas. Ces 8 minutes me semblent d’une atroce longueur… Et les questions existentielles commencent à fuser dans ma tête : à quelle heure j’ai pris mon dernier café? 15h. Est-ce que je suis stressée? Je me réponds que si je me pose la question c’est que je ne dois pas l’être. Est-ce que je suis prête pour ma journée de demain? Bien oui je suis prête et en plus demain il n’y a pas de géographie (youppi)! Les 8 minutes se transforment en 12, puis en 15. Vers 23h00, je me sens enfin tranquillement glisser vers cet état convoité de sommeil.
TOCTOCTOCTOC!
J’ouvre un œil et une oreille… Quoi? On cogne à ma porte? Étais-je déjà en train de rêver? Ciel, c’est vraiment terminé le café en milieu d’après-midi. Mon cœur bas trop vite, j’ai de la difficulté à m’endormir et là, j’entends frapper à ma porte… ce qui est impossible, car ma porte d’entrée est beaucoup trop loin de ma chambre pour que je l’entende. De plus, il y a deux portes qui nous séparent…
Je referme donc œil et oreille.
TOCTOCTOCTOC!
J’ouvre maintenant les deux yeux et les deux oreilles. Il n’y a plus de question possible. On cogne définitivement à ma porte. Je n’aime pas trop ça et le stress s’empare de moi en une seule seconde : si j’entends cogner à ma porte c’est que ce sont les voisins d’en haut qui ont un problème et qui cognent dans la porte du couloir commun. Et si personne n’entre c’est que ce sont sûrement les enfants qui cognent… En deux secondes je suis à la porte et je l’ouvre. La lumière aveuglante du couloir finit de me réveiller. Un peu soulagée, je constate qu’il n’y a personne. Et là, dans un dernier élan de stress montant, je me rappelle que j’ai oublié de barrer ma porte avant. Bordel, quelqu’un dehors a des problèmes et est venu cogner chez moi… J’allume toutes les lumières de mon appart et je me dirige vers la fenêtre avant. En m’approchant, j’entends des voix et des sifflements. Ça y est, c’est le chao au village. Je regarde dehors et je vois des gens dans la rue. Je me dirige donc vers ma porte en me disant que peut-être quelqu’un a besoin d’aide… Devant ma porte il y a L., une élève anglophone du secondaire que je ne connais pas vraiment. Avec ce qui doit ressembler à une gueule de déterrée, j’ouvre la porte et je salue L. avec le plus de clame possible. Elle me sourit (ouf) et me dit « Rachel want you to show her how to take pictures of Northern Lights! ». Je plisse les yeux et j’aperçois Rachel dans la rue qui se dirige vers moi en riant. Les cris étaient pour me réveiller, je crois et les sifflements pour appeler les aurores boréales… Les deux appels ont fonctionné! Sous les regards amusés de L., Rachel et Moyo, j’ai enfilé mes habits de neige par dessus mon pyjama, j’ai attrapé ma caméra et mon trépied et nous sommes partis à la course vers la Baie!


Une heure de prise de vue et de contemplation plus tard, Moyo et Rachel complètement frigorifiés, nous sommes revenus chez moi pour prendre un petit thé. À 1h30, mes invités m’ont quittée et la tête encore remplie de ces moments inattendus, je suis restée assise au salon à regarder et à publier mes photos sur facebook. Vers 1h40, sens trop savoir pourquoi, je me suis levée et je suis allée débarrer ma porte (que j’avais barrée derrière mes deux clowns préférés). À 2h, toujours assise au salon, j’ai entendu ma porte s’ouvrir de nouveau… Rachel revenait l’air penaud… « Je suis embarrée dehors »… « Puis-je dormir chez toi? »… Évidemment, je ris et je dis oui! La veille, sans trop savoir pourquoi, j’avais lavé les draps et refais le lit de la chambre d’amis!
Je me rappellerai sans doute de cette Saint-Valentin pendant longtemps! Merci L., Rachel et Moyo! Merci Vikie d’avoir oublié de barrer ta porte avant d’aller dormir! Merci aurores boréales majestueuses!


Puis des cours de salsa à Umiujaq donnés par un authentique Mexicain ça se peut! Merci Moyo, je ferai fureur à La Havane grâce à toi!





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Prendre un nouveau chemin à Umiujaq est un luxe… ou un phénomène rare lorsqu’on n’a pas de Honda ou de skidoo. Au mois de février, j’ai tout de même eu la chance d’explorer de nouveaux paysages deux fois plutôt qu’une! Merci Darlene pour cette rando de motoneige entre les 2 Lacs. Moment de pur bonheur, installée dans le qamutik avec Moyo et Rachel. Je me suis remplie de nouvelles images! Merci Angela de m’avoir accompagnée dans mon désir persistant de marcher jusqu’aux îles en face! Je crois que nous avons douté toutes les deux au long de ces 4 km de raquette. Mais à quelques mètres de notre but, je crois ne pas me tromper en affirmant que les doutes se sont estompés pour laisser place à une sorte de frénésie. Chocolat et petit thé à l’abri du vent, exploration trop courte de l’île (avec maintenant la vive intention de revenir pour une vraie expédition sur cette partie du monde sans doute peu visitée) et retour à la maison. 4 heures de marche aller-retour. Vent de face à l’aller, vent de dos au retour… Dans mon sac à dos, à côté de mon thermos de thé et de mon « polar au cas », j’ai glissé mon kite en me disant que peut-être… C’est comme ça que pendant le retour, les bras tendus vers le ciel et le sourire accroché aux lèvres, j’ai parcouru les 4 km jusqu’au village. Vous aurez bientôt des histoires de kite je crois! Rassurez-vous, j’ai un casque et je le porterai lorsque je mettrai les skis!



 





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Les soupers virtuels de François et Vikie! On se donne rendez-vous à l’avance, on essaye de manger la même chose et on s’appelle… sur skype! C’est vraiment vraiment vraiment chouette!




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Nouvelle ancienne passion… je sors de l’école à 16h40 et j’arrive chez moi à 18h00… je vous rappelle que j’habite à 5 minutes de l’école…  Rougeurs aux joues, au front, au menton, bouts de doigts gelés et morve au nez! Mais surtout sourire aux lèvres! Aujourd’hui le prétexte était le vent et la poudrerie sur fond de coucher de soleil.


Hommage 6

Aujourd’hui lundi… Il n’y a pas d’école, elle est fermée, car une dame du village est décédée hier soir. La dame est la mère d’un de mes élèves, un de ceux qui sont venus en France en septembre. B. est à Kuujjuarapik. Il y est depuis jeudi pour un tournoi de hockey. Il revient aujourd’hui. Ça s’annonce difficile pour les jours à venir au village. Il me semble qu’il y a beaucoup de gens qui meurent ici… Le jeune qui s’est enlevé la vie en juin dernier était le cousin de B. Puis A. qui est décédé en août suite à un accident était proche des jeunes qui jouent au hockey comme B. Maintenant… la mère de B. Il semble qu’elle était malade… Je me demande si les gens meurent plus ici quand ils sont malades. Je veux dire, est-ce que la mère de B. serait décédée si elle avait vécu à Montréal et reçu les soins appropriés au moment approprié?


Au revoir Alacie Tooktoo